Zurich (awp) - Face à la 5e vague de contaminations dues au Covid-19 et la détérioration sanitaire, le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) révise une nouvelle fois en nette baisse ses attentes de croissance de l'économie suisse pour l'an prochain à +2,9%. Cette année, le produit intérieur brut (PIB) corrigé des évènements sportifs devrait accélérer de 3,4%, contre une hausse de 3,2% prévue jusqu'alors.

Dans son communiqué diffusé jeudi, le centre de recherche de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich explique la correction à la baisse des anticipations de croissance pour l'an prochain du fait de la dégradation de la situation épidémiologique en Suisse et à l'étranger. En octobre dernier, les prévisionnistes zurichois anticipaient encore une croissance de 3,6% en 2022.

Les perspectives à moyen terme restent toutefois positives compte tenu de l'attente d'un nombre de contagions qui devrait être au printemps nettement plus faible qu'actuellement. Il faut donc s'attendre à nouveau à une dynamique plus forte à partir du printemps 2022. Et pour 2023, le KOF prévoit une progression du PIB de la Suisse de 2,4%.

Hypothèse supplémentaire

En incluant les événements sportifs, le PIB devrait croître de 3,6% cette année, de 3% l'an prochain et de 2,1% en 2023. En raison de la grande incertitude actuelle concernant l'évolution de la pandémie, le KOF assortit ses prévisions d'hiver d'un scénario dans lequel des mesures encore plus fortes doivent être prises pour endiguer la hausse des contamination. Celles-ci devraient entraîner un repli de la production au premier et au deuxième trimestres 2022 par rapport au scénario de base, la croissance du PIB atteignant alors 2,8% l'an prochain, événements sportifs compris.

En suivant cette hypothèse négative, la poursuite de la reprise en 2023, avec une croissance du PIB de 2,2%, sera un peu plus forte que celle attendue dans le scénario de base. Ainsi, le recul de la valeur ajoutée au printemps 2022 est de nature temporaire.

Sur le front de l'économie internationale, des problèmes d'approvisionnement accrus, des goulots d'étranglement au niveau de l'offre, des taux d'inflation élevés et une recrudescence des nouvelles infections devraient freiner l'activité économique des principaux partenaires commerciaux de la Suisse au cours du semestre d'hiver. Mais une forte reprise devrait intervenir dès le printemps prochain.

En Suisse, tant les changements de comportement volontaires que les restrictions renforcées dues à la 5e vague de la pandémie réduiront la demande dans les services à forte intensité de contact, comme la restauration. Dans les transports également, la recommandation de télétravail et le durcissement des règles de voyage entraîneront à nouveau des baisses de fréquentation.

Le KOF estime cependant que ces pertes seront nettement moins importantes que l'hiver dernier, les mesures devant se révéler moins radicales pour autant que l'immunisation de la population progresse. La branche pharmaceutique, indépendante de la conjoncture, sera peu touchée, notamment grâce à la poursuite de l'extension des capacités de production de vaccins.

Stabilité pour le marché du travail

La reprise économique des derniers trimestres s'est répercutée de manière favorable sur le marché du travail. L'emploi a fortement progressé au cours du 2e semestre et dépassé le niveau d'avant la crise sanitaire au 3e trimestre. L'évolution sectorielle recense néanmoins d'importantes différences, l'hôtellerie-restauration ayant le plus souffert. Malgré 5e vague de la pandémie, la situation sur le marché du travail ne devrait pas se dégrader de manière nette en hiver.

La situation épidémiologique actuelle entraîne une baisse de la demande de différents biens de consommation. Bien que les mesures actuelles soient pour la plupart moins strictes qu'en 2020, les restaurants et les manifestations doivent tout de même s'attendre à une baisse de la fréquentation des clients ou à une diminution des dépenses de leurs clients.

Alors que le renchérissement dans les grandes zones monétaires a dépassé les objectifs d'inflation respectifs des banques centrales, l'inflation est demeurée en Suisse en novembre dans une zone que la Banque nationale suisse (BNS) assimile à la stabilité des prix.

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