(actualisé avec observateurs)

par Richard Lough et Alain Iloniaina

ANTANANARIVO, 27 octobre (Reuters) - La première élection présidentielle organisée à Madagascar depuis le coup d'Etat de 2009 a été libre et loyale, ont déclaré dimanche les observateurs européens et sud-africains, mais les premiers résultats n'étaient publiés qu'au compte-gouttes deux jours après la fermeture des bureaux de vote.

Ce satisfecit accordé à la Grande Ile, qui cherche à regagner la confiance des investisseurs et des donateurs internationaux pour redresser une économie déstabilisée par les sanctions adoptées il y a quatre ans, pourrait toutefois être remis en cause, ont prévenu les observateurs.

Une semaine pourrait être nécessaire pour disposer des résultats définitifs et les deux candidats donnés en tête s'attendent à un second tour qui prolongerait l'incertitude.

"Cette élection a été libre, transparente et crédible", a déclaré la responsable de la mission de l'Union européenne, Maria Muniz de Urquiza.

De son côté, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui avait suspendu l'adhésion de Madagascar après l'arrivée au pouvoir par la force du président Andry Rajoelina en 2009, a estimé que le scrutin avait "reflété la volonté du peuple malgache".

A la mi-journée, la commission électorale (Cenit) avait publié les résultats de 1.019 bureaux de vote seulement sur 20.001.

Ceux-ci confirmaient la bonne position de deux des candidats donnés favoris: Jean-Louis Robinson, soutenu par Marc Ravalomanana, le président déposé par le coup d'Etat de 2009, avec environ 27% des suffrages, et Hery Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances du président sortant Andry Rajoelina, crédité d'un peu moins de 16%.

Trente-trois candidats au total étaient en lice lors du scrutin de vendredi.

L'ATTITUDE DE L'ARMÉE À SURVEILLER

Celui-ci s'est déroulé dans le calme mais la mission de l'UE a noté que l'absence de plafonnement des dépenses électorales s'était traduite par "des inégalités flagrantes" entre les candidats. Les observateurs européens ont aussi souligné qu'un "pourcentage non négligeable" des électeurs étaient absents des listes électorales.

Ces deux éléments n'ont pas empêché le bon déroulement du vote, a jugé Maria Muniz de Urquiza.

Des diplomates ont par ailleurs dit rester attentifs à l'attitude de l'armée, qui demeure selon eux opposée à un éventuel retour d'exil de Marc Ravalomanana, une hypothèse jugée crédible en cas de victoire de Jean-Louis Robinson.

"Nous avons fait un grand pas en avant mais toutes les options restent ouvertes", a dit un diplomate européen qui a requis l'anonymat.

De nombreux électeurs malgaches se sont déclarés frustrés par les retards et les imperfections du processus électoral.

"Je ne sais pas si c'était délibéré ou si c'est de l'incompétence", s'interrogeait ainsi Henintsoa Ramanana, 25 ans, empêché de participer au scrutin par les responsables de son bureau de vote au motif qu'il n'était pas inscrit sur les listes. "En tout cas, c'est vraiment choquant d'être privé de son droit de vote."

La Cenit a jusqu'au 8 novembre pour publier les résultats provisoires complets. Un éventuel second tour devrait se tenir en décembre. (Danielle Rouquié et Marc Angrand pour le service français)