Le ralentissement était anticipé par les économistes, mais ils tablaient sur une diminution plus marquée encore, de l'ordre de 8,7% au quatrième trimestre. Sur l'ensemble de l'année 2011, la croissance est ressortie à 9,2%.

Les chiffres meilleurs que prévus en provenance de Chine sont un des facteurs de soutien des Bourses européennes mardi en début de matinée, qui avançaient de près de 1%.

Le rythme de la croissance au T4 est le plus faible depuis le deuxième trimestre 2009.

Les ventes de détail ont quant à elles grimpé en décembre de 18,1% par rapport à décembre 2010, soit plus que le consensus Reuters qui était de 17,2%. La production industrielle a elle aussi dépassé les attentes en progressant de 12,8% en décembre par rapport à décembre 2010.

Les analystes s'accordent dans l'ensemble pour dire que la croissance chinoise va ralentir davantage encore au premier trimestre 2012, passant peut-être sous le seuil des 8% jugé nécessaire à la création d'emplois.

ASSOUPLISSEMENT MONÉTAIRE

Ces chiffres accréditent l'hypothèse d'un assouplissement de la politique monétaire chinoise, probablement par le biais d'une diminution des ratios de réserves obligatoires imposés aux plus grandes banques du pays.

"Le ralentissement n'est pas effrayant", a jugé Kevin Lai, économiste de Daiwa à Hong Kong, "(Les autorités) ne devraient donc pas se lancer dans un programme d'assouplissement monétaire massif pour l'instant."

Avec la crise de la dette souveraine qui fait courir le risque à l'Europe de retomber en récession et les perspectives de croissance modérée aux États-Unis, le rôle de locomotive de la Chine se trouve renforcé.

Les économistes prédisent déjà que la croissance chinoise sera la plus faible en une décennie, mais un ralentissement plus prononcé encore pourrait fragiliser la croissance économique mondiale.

Ma Jiantang, qui dirige l'agence chinoise de la statistique, a déclaré que la décélération de la croissance chinoise allait sans doute se poursuivre à mesure que Pékin s'efforce de restructurer son économie et de réduire sa dépendance à l'égard de ses exportations pour privilégier la demande intérieure.

Le détail des chiffres publiés mardi montre que les exportations ont eu une contribution négative sur la croissance en 2011, tandis que la consommation a contribué à plus de moitié à la progression du PIB.

POURSUITE DU RALENTISSEMENT

"Il faut s'attendre à une poursuite du ralentissement", estimait Mark Williams, analyste de Capital Economics, avant la publication des chiffres officiels.

"La demande européenne en produits chinois a déjà commencé à ralentir et elle devrait rester contenue. Les perspectives dans la construction, 10% du PIB, sont potentiellement plus inquiétantes encore."

L'Europe est le principal débouché des exportations chinoises et les signes d'un retour en récession du Vieux continent se multiplient.

Les congés de la nouvelle année lunaire, les 23 et 24 janvier, interviennent assez tôt, ce qui a probablement joué sur les statistiques du quatrième trimestre.

Les entreprises chinoises ont en effet l'habitude de liquider leur carnet de commande avant la période des fêtes et d'interrompre leur production tandis que leurs salariés retournent dans leurs familles célébrer la nouvelle année.

Les chiffres du quatrième trimestre ont donc sans doute bénéficié du regain d'activité dans le secteur manufacturier tandis que l'activité au premier trimestre va sûrement montrer un ralentissement marqué.

"Nous sommes dans une période au cours de laquelle le nouvel an chinois dope l'activité avant les congés", soulignait Ken Peng, économiste de BNP Paribas avant la publication des chiffres du PIB chinois.

Selon lui, la croissance chinoise devrait ralentir à 7,9% d'une année sur l'autre au premier trimestre, ce qui serait un plus bas de trois ans.

Koh Gui Qing, Eric Faye et Nicolas Delame pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

par Langi Chiang et Koh Gui Qing