par Lucia Mutikani

Le département du Commerce a ainsi fait état vendredi du rythme de croissance le plus élevé depuis le troisième trimestre 2003. Le produit intérieur brut (PIB) américain avait déjà progressé de 2,2% en rythme annualisé au troisième trimestre.

Les économistes interrogés par Reuters tablaient pour les trois derniers mois de 2009 sur une hausse de 4,6% seulement.

"Quel énorme chiffre! Il est solide et il nous donne une bonne base pour le deuxième semestre quand nous ne pourrons plus compter sur le plan de relance du gouvernement", note Jack Ablin, chef des investissements chez Harris Private Bank.

Cet enthousiasme est tempéré par Tom Porcelli, économiste chez RBC Capital Markets.

"Quand on exclut les stocks, on constate que les ventes finales sont en hausse de 2,2%. Ce n'est pas un chiffre fantastique", a-t-il dit.

"Si l'on compare cela aux récessions de 1975 et 1982, pour ce qui est des ventes finales réelles des deux premiers trimestres (suivant ces récessions), on était en moyenne à 5% après la récession de 1982 et à environ 4% après celle de 1975. Par comparaison, on est à l'évidence assez bas."

HAUSSE DU DOLLAR ET DE WALL STREET

"Ce chiffre porte sur le passé et nous sommes au premier trimestre, donc d'un point de vue macroéconomique, il n'y a pas grand chose de changé qui justifie un emballement", ajoute-t-il.

Cette annonce a renforcé la hausse du dollar contre l'euro et permis à Wall Street d'ouvrir en hausse tandis que les cours des emprunts d'Etat américains, en bonne logique, creusaient leurs pertes.

Sur l'ensemble de 2009, le PIB des Etats-Unis s'est contracté de 2,4%. C'est sa contraction la plus marquée depuis 1946.

La croissance a été soutenue par une nette décélération du rythme du déstockage des entreprises, un facteur qui pourrait d'ailleurs masquer l'ampleur véritable de la reprise américaine.

Mais même en excluant les stocks, le PIB américain a progressé au taux annuel de 2,2%, en accélération après le taux de 1,5% enregistré au troisième trimestre, ce qui reflète une performance relativement solide d'autres segments de l'économie.

Les stocks des entreprises n'ont reculé que de 33,5 milliards de dollars au quatrième trimestre après avoir diminué de 139,2 milliards entre juillet et septembre.

L'évolution des stocks à elle seule a contribué pour 3,39 points de pourcentage au PIB du quatrième trimestre 2009, ce qui représente sa contribution la plus importante depuis le quatrième trimestre 1987.

Les investissements des entreprises ont augmenté de 2,9%, une première depuis le deuxième trimestre 2008, de solides dépenses d'équipement, notamment informatique, ayant compensé le marasme de l'immobilier commercial.

Quant à la consommation des ménages, elle a progressé de 2% et a contribué pour 1,44 point de pourcentage au PIB. La progression des dépenses de consommation a cependant été moindre qu'au troisième trimestre, période pour laquelle elle était ressortie de 2,8% à la faveur de la "prime à la casse" dans l'automobile.

Par ailleurs, le département du Travail a annoncé que le coût du travail aux Etats-Unis avait augmenté de 0,5% sur la période octobre-décembre, alors que les économistes attendaient 0,4%.

Depuis décembre 2008, le coût lié aux rémunérations n'a augmenté que de 1,5%, ce qui constitue sa hausse la plus faible depuis 1982 et correspond au rythme annuel affiché en septembre.

Le président Barack Obama a vu dans cette première estimation de PIB le signe d'une "nette amélioration" de la situation économique des Etats-Unis, tout en insistant sur la nécessité de stimuler le marché du travail, sa priorité pour 2010.

"L'économie croît mais la croissance de l'emploi est à la traîne", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Baltimore où il a annoncé qu'il proposait 33 milliards de dollars de crédits d'impôts pour encourager les petites et moyennes entreprises américaines à recruter cette année.

Lucia Mutikani, version française Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez