* Nouvelle journée de manifestations anti-Assad

* 15 morts recensés de part et d'autre

* Une ville attaquée par des blindés, selon un opposant (Actualisé avec bilan et attaque d'une ville)

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN, 13 janvier (Reuters) - Alors que les violences se poursuivaient vendredi en Syrie, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, a dit redouter une guerre civile avec des conséquences négatives pour la région.

Les violences de vendredi, journée hebdomadaire de prières et donc de rassemblements, se sont soldées par la mort de 15 personnes, selon le régime et ses opposants.

L'armée a en outre lancé sa première vaste offensive depuis l'arrivée des observateurs arabes le 26 décembre. D'après un responsable de l'opposition, des militaires appuyés par des blindés ont attaqué Zabadani, près de la frontière avec le Liban.

"Des chars pilonnent la ville et sont entrés dans sa périphérie, mais ils rencontrent de la résistance. L'Armée syrienne libre a une forte présence dans le secteur", a déclaré Kamal al Labouani, un responsable de l'opposition de la ville de Zabadani, réfugié en Jordanie depuis deux semaines.

Cette situation suscite l'inquiétude de la Ligue arabe.

"Oui, je crains une guerre civile et les événements que nous observons et entendons pourraient déboucher sur une guerre civile", a déclaré Nabil Elarabi à la chaîne de télévision égyptienne Al Hayat.

"Tout problème en Syrie aura des conséquences pour les pays voisins", a déclaré le patron de la Ligue en qualifiant d'"inquiétants" les rapports envoyés par le chef de la mission d'observateurs arabes en Syrie.

"LE PEUPLE VEUT LA CHUTE DU REGIME"

Nabil Elarabi affirme pourtant qu'"il n'y a assurément aucun doute que le rythme des morts violents a baissé grâce à la présence des observateurs".

Cette affirmation contredit celle d'un haut responsable de l'Onu qui a déclaré cette semaine devant le Conseil de sécurité que le nombre de morts s'était accéléré pour atteindre la quarantaine par jour depuis l'arrivée, le 26 décembre, de la mission de la Ligue. (voir )

Comme tous les vendredi, les Syriens ont de nouveau manifesté à la sortie des mosquées à travers le pays contre le régime du président Bachar al Assad, notamment dans certains quartiers de Damas ainsi que dans la cité portuaire de Lattaquié.

Dans cette ville des bords de la Méditerranée, la foule a scandé "le peuple veut la chute du régime".

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sept civils ont été abattus vendredi, dont quatre dans la ville de Homs, l'un des principaux foyers de la contestation. Trois autres civils sont morts par ailleurs, dont deux ont succombé à des blessures subies précédemment dans le courant de la semaine.

D'après l'agence officielle de presse Sana, cinq membres des forces de sécurité, dont un lieutenant colonel, ont été tués et 15 autres blessés par des "groupes terroristes armés" dans deux attaques distinctes à Homs et dans les environs de Damas.

Jeudi, rapporte l'OSDH, 21 personnes en tout ont été tuées en Syrie, dont sept à Daïr az Zour, dans l'Est, et sept membres des forces de sécurité à Maarat al Noman.

DESERTEURS

D'après un responsable de la Ligue arabe, les observateurs ont repris leur mission jeudi depuis que onze d'entre eux ont été blessés à Lattaquié lundi par une foule de partisans du chef de l'Etat.

A en croire le plus haut gradé à avoir déserté, le général Mostafa Ahmad al Cheikh, les défections de militaires affaiblissent considérablement l'armée.

Mais cet officier, joint par téléphone jeudi par Reuters dans le sud de la Turquie, pense qu'il faudra encore plus d'un an pour renverser Bachar al Assad en raison de la loyauté et du suréquipement des membres de son clan alaouite.

Il évalue à 20.000 - essentiellement des membres de la majorité sunnite - le nombre de soldats à avoir déserté malgré des "contrôles" très rigoureux.

"Si nous parvenons à réunir entre 25.000 et 30.000 déserteurs pour monter une guerre de guérilla menée par des groupes de six à sept hommes, cela nous permettrait d'épuiser l'armée en l'espace d'un an ou un an et demi avec de simples lance-roquettes RPG et des armes légères", estime ce général.

En visite à Beyrouth, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré au quotidien libanais An Nahar: "Les autorités syriennes doivent répondre aux aspirations démocratiques légitimes du peuple syrien", dit-il en souhaitant que le Conseil de sécurité, aujourd'hui divisé, trouve le moyen de parler d'une seule voix. (Avec Dominic Evans, et Lin Noueihed au Caire; Jean-Stéphane Brosse, Jean-Loup Fiévet, Grégory Schwartz et Bertrand Boucey pour le service français)