* La zone euro, divisée sur l'euro, passe le dossier au G20

* La France veut une action concertée sur l'euro

* Un communiqué du G7 attendu dans la semaine (Actualisé avec des précisions, contexte, citations)

par Robin Emmott et Leigh Thomas

BRUXELLES, 11 février (Reuters) - La France a réclamé lundi une action coordonnée des grandes puissances économiques pour parer aux effets induits par la vigueur de l'euro mais les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) estiment dans l'ensemble qu'il revient au marché de décider de sa valeur.

Le président François Hollande estimait la semaine dernière que l'Europe devait se fixer un objectif à moyen terme pour le niveau de l'euro afin de prévenir des mouvements "irrationnels" telle que la hausse actuelle de la monnaie unique qui, selon lui, menace la reprise économique de la zone euro. (voir )

Le ministre des Finances Pierre Moscovici a porté le même message lundi à Bruxelles, estimant qu'il fallait "agir fortement à l'échelle internationale pour la stabilité", sans, apparemment, faire beaucoup d'émules.

"(...) et ensuite tous les instruments peuvent être utilisés mais de manière coordonnée", a ajouté Pierre Moscovici.

L'Eurogroupe, par la voix de son président, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, juge lui que le dossier doit être abordé par les grands argentiers du Groupe des Vingt (G20), réunis à Moscou vendredi et samedi prochains.

Prié de dire quelle forme pourrait prendre une action sur les taux de change, Pierre Moscovici a dit qu'il n'était pas question de faire pression sur la Banque centrale européenne (BCE) ou d'appeler à une guerre des monnaies.

Le renforcement de l'euro est source de tension entre la France et l'Allemagne, Berlin se refusant à toute ingérence gouvernementale dans la gestion des taux de change.

Depuis son plus bas de 1,21 dollar inscrit en juillet 2012, l'euro a regagné autour de 13% contre le dollar. Il s'est toutefois quelque peu replié depuis que le président de la BCE Mario Draghi a déclaré jeudi dernier que l'institut d'émission surveillerait l'impact de la hausse de la monnaie unique, même si le taux de change n'était pas un objectif de la politique monétaire.

L'initiative de François Hollande n'est pas du goût de l'Allemagne, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble déclarant à Bruxelles que "les taux de change ne doivent pas être manipulés", s'en tenant à la ligne convenue en la matière par le G20 et le Groupe des Sept (G7).

PLUTOT UN EURO FORT QU'UN EURO MORT

Après trois année d'une crise de la dette qui, aux yeux de bien des économistes et des investisseurs, menaçait l'existence même de l'euro, Pierre Moscovici a admis qu'il préférait "un euro fort qu'un euro mort".

Mais il a souligné que, dans le cas de la France, si l'euro continuait de s'apprécier à son rythme actuel, cela retrancherait 0,3 point à la croissance du pays, un impact non négligeable étant donné les perspectives de croissance moroses de la France cette année.

Un euro trop fort porte préjudice aux exportations de la zone euro et le moment est particulièrement difficile car celle-ci doit se reposer en partie sur la demande de l'Asie et des Amériques pour sortir de sa deuxième récession depuis 2009.

La banque d'investissement JPMorgan estime, dans une étude publiée lundi, qu'une hausse de 10% de la valeur du taux de change peut réduire les exportations de biens et services de 2,5% environ. Elle reconnait toutefois qu'évaluer les répercussions réelles est difficile.

Les politiques d'achat d'obligations des banques centrales du Japon et des Etats-Unis ont largement abouti à une dépréciation du yen et du dollar face à l'euro.

Malgré les appels de la France à une action concertée, le consensus à l'heure actuelle est plutôt de laisser les marchés fixer les taux de change.

A cette fin, les pays du G7 envisagent de publier cette semaine un communiqué réaffirmant leur engagement envers des taux de change "fixés par le marché" en réponse au débat en cours sur le risque de "guerre des monnaies", ont déclaré lundi deux responsables du G20.

Ces deux responsables de deux pays différents ont précisé que le communiqué pourrait être publié simultanément à la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G20 à Moscou. (Avec John O'Donnell, Claire Davenport, Jan Strupczewski, Wilfrid Exbrayat pour la version française)