* Plus de six millions de personnes évacuées en Floride

* Au moins 24 morts, dont dix dans les Antilles françaises

* Irma rétrogradé en ouragan de catégorie 2 (Actualisé avec Pence, précisions)

par Robin Respaut et Zachary Fagenson

MIAMI/FORT MYERS, Floride, 11 septembre (Reuters) - Le gigantesque ouragan Irma a atteint la Floride dimanche après avoir balayé Cuba et les Antilles, où il a fait au moins 24 morts et des dégâts considérables.

L'archipel des Keys, à l'extrême sud de l'Etat, a été le premier touché. L'oeil du cyclone a atteint l'île de Cudjoe Key à 13h10 GMT, selon le Centre américain des ouragans (NHC).

Irma, dont les rafales atteignent désormais 177 km/h, a été rétrogradé dans l'après-midi en ouragan de catégorie 2 sur l'échelle de puissance Saffir-Simpson qui culmine à cinq.

L'ouragan a touché terre une seconde fois à Marco Island vers 19h35 GMT, sur la côte occidentale de la péninsule, à une trentaine de kilomètres de Naples, où la mer est montée de deux mètres dimanche après-midi.

Selon les météorologues, il devrait par la suite remonter plein nord le long de la côte en direction de Tampa et de St. Petersburg.

Le président américain Donald Trump a validé dimanche l'état de catastrophe majeure pour la Floride et y a ordonné l'envoi de l'aide fédérale.

La déclaration permettra notamment aux Floridiens d'accéder à des programmes de relogement et de reconstruction ; le coût engagé par les autorités locales pour les mesures d'évacuation, de refuges et l'enlèvement des débris sera en outre remboursé par le gouvernement fédéral.

Donald Trump est "extrêmement inquiet" et a émis le souhait de pouvoir se rendre en Floride le plus vite possible, a déclaré le vice-président Mike Pence à l'issue d'une réunion de crise à Camp David, où le président américain passe le week-end.

"Quelle que soit la direction que prendra l'ouragan Irma, nous y serons en premier. Nous y serons avec des moyens et de l'aide, pour sauver des vies et pour aider à reconstruire ces Etats et ces communautés", a assuré Mike Pence.

Fait sans précédent, 6,3 millions de Floridiens, soit près du tiers de la population de l'Etat, ont reçu l'ordre d'évacuer les zones menacées par la dépression à laquelle un décès a été attribué dans les Keys. Il s'agit d'un automobiliste qui a percuté un arbre, ont annoncé les secours.

Selon Florida Power & Light et d'autres fournisseurs, plus de 2,6 millions de foyers et d'entreprises sont d'ores et déjà privés d'électricité.

On craint une spectaculaire montée des eaux de près de cinq mètres sur la côte du Golfe du Mexique. L'ouragan pourrait en outre provoquer des inondations catastrophiques.

Miami, métropole de 400.000 habitants sur la côte atlantique, dont les météorologues pensaient il y a deux jours qu'elle serait la plus durement touchée, avait dimanche des allures de ville fantôme.

La Floride est le troisième Etat américain en terme de population, les autorités s'attendent à des dégâts énormes, qui pourraient atteindre 15 à 50 milliards, suivant les estimations.

La Floride n'a pas connu d'ouragan aussi violent depuis Wilma, en 2005. Plus de trois millions et demi de foyers avaient été privés d'électricité. En 1992, l'ouragan Andrew, l'un des plus destructeurs dans la région, avait fait près de 65 morts.

MACRON ATTENDU MARDI À SAINT-MARTIN

Samedi soir, l'ouragan est passé à 240 km de La Havane, après avoir semé la destruction sur le littoral des provinces de Ciego de Avila et de Santa Clara.

L'ouragan a ravagé en milieu de semaine les Antilles françaises, mais aussi Barbuda et les Îles Vierges américaines et britanniques.

Le président français, Emmanuel Macron, est attendu mardi matin à Saint-Martin avec du matériel et du renfort, tandis que le Premier ministre doit définir un plan pour la reconstruction des deux îles.

A Saint-Barthélemy et dans la partie française de Saint-Martin, le bilan s'élève à dix morts et sept disparus. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est dit favorable dimanche à la création d'une commission d'enquête parlementaire réclamée par l'opposition pour évaluer la réponse des autorités à la crise.

Côté néerlandais de Saint-Martin (Sint Maarten), le Premier ministre Mark Rutte a fait état dimanche de deux nouveaux décès, ce qui porte le total à quatre dans cette partie de l'île. Les autres victimes ont été signalées dans les Îles Vierges, à Porto Rico et Barbuda.

(Avec Sarah Marsh à Remedios, Marc Frank à La Havane, Bernie Woodall, Ben Gruber et Andy Sullivan à Miami, Jeff Mason à Washington, Colleen Jenkins à Winston-Salem; Caroline du Nord, Scott DiSavino à New York et Emmanuel Jarry à Paris; Julie Carriat, Gilles Trequesser et Jean-Philippe Lefief pour le service français)