Le projet de loi a été adopté par 71 voix contre 46, avec un parlementaire républicain et deux parlementaires démocrates qui n'ont pas pris part au vote.

Si le Sénat de l'État adopte le projet de loi jeudi, comme prévu, le gouverneur démocrate Roy Cooper y opposera très certainement son veto. Mais les républicains disposent d'une supermajorité à la Chambre des représentants, grâce à un parlementaire anciennement démocrate qui a changé de parti en avril, et peuvent passer outre le veto de M. Cooper si le seul républicain qui s'est abstenu lors du vote de mercredi soutient le projet de loi.

Cette législation aurait des conséquences considérables pour les femmes qui se rendaient en Caroline du Nord pour se faire avorter depuis les États conservateurs du Sud voisins qui ont interdit ou strictement limité la procédure après que la Cour suprême des États-Unis a annulé l'an dernier l'arrêt de 1973 établissant le droit fédéral à l'avortement.

Selon la proposition de la Caroline du Nord, les avortements volontaires après le premier trimestre seraient interdits, sauf en cas de viol, d'inceste, d'anomalies fœtales limitant la vie et d'urgences médicales.

Si le projet de loi est adopté, il exigera également que les médecins soient présents lors de l'administration des médicaments abortifs et imposera une amende de 5 000 dollars à toute personne qui enverra des pilules abortives par la poste ou qui prendra un rendez-vous par télémédecine pour un avortement qui n'aura pas lieu en présence d'un médecin.

L'ancienne représentante démocrate de l'État, Tricia Cotham, qui a changé d'affiliation en avril pour devenir républicaine, est un élément clé de la majorité des républicains de la Chambre des représentants de Caroline du Nord qui peuvent opposer leur veto.

Le vote de Mme Cotham a marqué un changement radical de sa position par rapport à l'année dernière, lorsqu'elle avait écrit sur Twitter que le pays avait besoin de "dirigeants qui seraient inébranlables et inconditionnels dans leur soutien au droit à l'avortement", et qu'elle s'était engagée à "continuer à défendre le droit de choisir, comme je l'ai toujours fait".

Des centaines de partisans du droit à l'avortement ont fait la queue devant l'assemblée générale de Caroline du Nord mercredi pour regarder les parlementaires voter sur le projet de loi, portant des pancartes avec des slogans tels que "Laissez les travailleurs de la santé faire leur travail" et "Respectez l'autonomie corporelle", selon des messages publiés sur les médias sociaux.

Les avortements en Caroline du Nord ont augmenté de 37 %, plus que dans n'importe quel autre État, au cours des deux premiers mois qui ont suivi la révocation par la Cour suprême des droits fédéraux à l'avortement en juin 2022, selon une étude réalisée par la Société du planning familial, une organisation à but non lucratif qui promeut le droit à l'avortement et la recherche dans ce domaine.

Au cours des six mois qui ont suivi la décision, il y a eu 3 978 avortements mensuels en moyenne en Caroline du Nord, soit 788 de plus que la moyenne des deux mois précédents, a indiqué la société.