Les marchés et les analystes estiment que la Banque du Canada pourrait à nouveau relever ses taux mercredi, après être devenue la première grande banque centrale à interrompre sa campagne de resserrement monétaire en janvier.

Environ deux tiers des économistes interrogés par Reuters la semaine dernière s'attendent à ce que la banque centrale maintienne ses taux cette année, mais une poignée d'entre eux prévoient une hausse mercredi et les trois quarts ont déclaré qu'il y avait un risque d'au moins une augmentation en juin ou en juillet.

Les marchés monétaires considèrent qu'il y a 46 % de chances qu'une hausse de 25 points de base se produise et en prévoient une pour la réunion du 12 juillet. La Banque du Canada (BoC) annoncera sa décision à 10 heures ET (1400 GMT).

Jay Zhao-Murray, analyste du marché des changes chez Monex Canada, s'attend à une hausse de 25 points de base après que la banque ait signalé la possibilité d'une augmentation des taux à plusieurs reprises au cours des derniers mois et que les statistiques montrent que l'économie est plus forte que prévu.

"Les données favorisent clairement un côté de l'argument plus que l'autre", a déclaré M. Zhao-Murray. "Plus vous attendez, plus vous tergiversez... plus vous laissez le temps à ces attentes inflationnistes élevées de s'ancrer profondément.

Entre mars 2022 et janvier, la Banque centrale européenne a relevé ses taux à huit reprises pour atteindre 4,50 %, son niveau le plus élevé en 15 ans, soit le cycle de resserrement le plus rapide de l'histoire de la banque. En avril, l'inflation annuelle s'est accélérée pour la première fois en 10 mois pour atteindre 4,4 %, soit plus du double de l'objectif de 2 % de la Banque du Canada.

La forte augmentation des coûts d'emprunt n'a pas réussi à refroidir une économie en surchauffe, le PIB du premier trimestre ayant augmenté de 3,1 % - contre 2,3 % prévus par la Banque du Canada - et le mois d'avril ayant été marqué par une croissance de 0,2 %.

La récente reprise du marché immobilier canadien exerce également une pression sur les prix.

"Le contexte de croissance plus ferme et le rebond du marché de l'immobilier vont faire monter la pression sur la Banque du Canada", a déclaré Doug Porter, économiste en chef chez BMO Capital Markets, dans une note. "Nous pensons qu'elle choisira de ne pas bouger pour l'instant, mais qu'elle enverra un message très fort indiquant que sa tendance au resserrement est intacte.

En janvier, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré qu'une pause était nécessaire pour évaluer l'impact du précédent resserrement.

Mais lors de sa dernière réunion en avril, le conseil des gouverneurs a discuté d'une augmentation des taux, selon les minutes, et Macklem a déclaré à plusieurs reprises qu'une augmentation était possible si l'inflation ne diminuait pas comme prévu.

La Banque du Canada prévoit que l'inflation ralentira jusqu'à 3 % cet été, puis reviendra lentement à son objectif de 2 % d'ici la fin de l'année prochaine. (Reportage de Steve Scherer ; Rédaction de David Ljunggren et Mark Porter)