La Banque du Canada devrait maintenir son taux directeur au jour le jour mercredi, alors qu'elle recueille davantage de preuves du ralentissement de l'inflation avant de procéder à sa première réduction de taux d'intérêt en quatre ans, qui pourrait intervenir dès le mois de juin, selon les marchés monétaires.

L'inflation au Canada, y compris les mesures de base suivies par la banque centrale, a diminué depuis un pic de 8,1 % en juin 2022 et l'enquête sur la main-d'œuvre de vendredi a également montré la faiblesse du marché de l'emploi. Cependant, la banque centrale risque d'alimenter une hausse des prix de l'immobilier, un élément clé qui a stimulé l'inflation au Canada, avec une réduction prématurée des taux.

"L'économie est vraiment très fragile", a déclaré Pedro Antunes, économiste en chef au Conference Board du Canada, un groupe de réflexion indépendant.

"Les taux de faillite des entreprises montent en flèche, les bénéfices sont en baisse, les stocks sont élevés. La seule chose qui retient les dépenses de consommation est l'augmentation de la population", a-t-il déclaré, ajoutant que la Banque du Canada maintiendrait ses taux cette semaine, mais qu'elle s'orienterait rapidement vers une réduction.

La croissance démographique due à l'immigration a provoqué une pénurie de logements sans précédent au Canada, et de nombreux primo-accédants à la propriété et locataires attendent en coulisses de pouvoir revenir sur le marché alors que les coûts d'emprunt chutent par rapport à leur niveau le plus élevé depuis 22 ans.

La Banque du Canada annoncera sa décision de politique monétaire le 10 avril à 0945 ET, date à laquelle elle publiera également son rapport trimestriel sur la politique monétaire, dans lequel elle présentera des projections sur l'économie et l'inflation.

Les marchés monétaires ont augmenté leurs paris pour une première baisse de taux de 25 points de base en juin, les chances se situant actuellement autour de 78 %, contre 70 % à la fin du mois dernier. Une baisse des taux en juillet est entièrement prévue, tandis qu'en avril, la banque devrait maintenir son taux.

Dans un sondage Reuters, plus de 70 % des économistes, 27 sur 38, s'attendent à ce que la Banque du Canada procède à sa première baisse de taux en juin, conformément aux prévisions du marché. Sept économistes ont prédit que la première baisse interviendrait en juillet, et les quatre autres en septembre.

La BoC a relevé les coûts d'emprunt de 475 points de base en l'espace de 17 mois pour les porter à 5 % et les a maintenus à ce niveau depuis juillet de l'année dernière.

Bien que cette mesure ait contribué à réduire l'inflation à 2,8 % en février, elle a eu un impact sur les coûts hypothécaires, qui sont fortement influencés par les taux d'intérêt au Canada, et a freiné les dépenses des consommateurs et des entreprises.

Le gouverneur Tiff Macklem avait déclaré en mars qu'il était encore trop tôt pour envisager une baisse des taux et qu'il fallait attendre de voir d'autres signes de détente de l'inflation sous-jacente.

La banque centrale vise à maintenir l'inflation à 2 % de sa fourchette cible.

"À ce stade, c'est à pile ou face que se jouera la première baisse de taux au Canada, en juin ou en juillet, mais je pense que ce ne sera qu'en juin si les bonnes nouvelles concernant l'inflation se poursuivent", a déclaré Stephen Tapp, économiste en chef à la Chambre de commerce du Canada.

Les analystes et les économistes ont déclaré que la Banque du Canada devrait devancer la Réserve fédérale en matière de réduction des taux, car les données économiques des deux pays divergent. En effet, la résilience actuelle de l'économie américaine ne se répercute pas sur le Canada, bien que les trois quarts de son commerce international dépendent de son plus grand voisin.