PARIS, 13 janvier (Reuters) - Le manque de dynamisme de l'économie européenne au cours des prochaines décennies contraindra la Banque centrale européenne (BCE) à revoir à la baisse son objectif d'une inflation inférieure à mais proche de 2% l'an, estiment les économistes d'UBS dans leurs prévisions à long terme, publiées mercredi.

Dans leurs perspectives économiques et institutionnelles pour l'Europe à l'horizon 2050, ils préviennent aussi que l'Union européenne devra accueillir 1,8 million d'immigrés supplémentaires si elle veut égaler l'augmentation de la population active qui a permis l'expansion de l'économie américaine au cours des dix dernières années.

Avec une population européenne promise au vieillissement et au déclin, seuls une immigration massive ou un vaste programme de réformes destinées à accroître la productivité permettraient d'atteindre une croissance potentielle nettement supérieure à 1% l'an au cours des 30 prochaines années, a dit Ricardo Garcia, responsable de la recherche économique sur l'Europe d'UBS.

"Il sera très difficile de s'extirper de ce cycle de croissance faible", a-t-il ajouté.

"Des pressions baissières sur l'inflation sont aussi probables et cela rendra plus difficile pour la banque centrale la réalisation de ces objectifs. C'est la raison pour laquelle

la BCE abaissera tôt ou tard son objectif d'inflation.

L'inflation au sein de la zone euro ne parvient pas à accélérer en dépit de la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE.

Les responsables monétaires européens ont souligné à plusieurs reprises leur détermination à maintenir leur objectif d'inflation.

Le gouverneur de la Banque de France a relevé mardi que, dans l'environnement de faible inflation actuelle, certains économistes appelaient les banques centrales à ajuster leur cibles de hausses des prix, à la hausse ou à la baisse.

"Dans les deux cas, des changements hâtifs risquent seulement d'affecter la crédibilité des banques centrales", a dit François Villeroy de Galhau, qui est membre du conseil des gouverneurs de la BCE.

Pour Ricardo Garcia, le maintien d'un objectif d'inflation trop élevé au regard de la faiblesse persistante de la croissance obligera la banque centrale à acquérir des actifs de plus en risqués, dégradant la qualité de son bilan.

Les pays les plus solides, au premier rangs desquels l'Allemagne, les plus exposés à cette dégradation de la qualité des actifs de la banque centrale, plaideront pour un abaissement de l'objectif d'inflation auquel s'opposeront les pays les plus endettés, a pronostiqué Ricardo Garcia.

Une solution de compromis consistera, selon lui, à la mise en place de politiques économiques redistributives au sein de l'Union européenne en contrepartie d'une politique monétaire plus restrictive. (Patrick Graham, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)