Washington (awp/afp) - L'inflation a fortement ralenti en novembre aux Etats-Unis, mais cette évolution s'est accompagnée d'un ralentissement de la consommation alors même que démarrait la saison des fêtes de fin d'année, ce qui pourrait n'être qu'un prélude à la récession prévue pour l'année prochaine.

L'inflation est tombée en novembre à 5,5% sur un an contre 6,1% en octobre, selon l'indice PCE, pour lequel la banque centrale américaine (Fed) veut ramener la hausse à 2%, publié vendredi par le département du Commerce. Et sur un mois, elle n'est que de 0,1%, contre 0,4% en octobre.

"Noël arrive avec des prix de l'essence en baisse et la plus faible augmentation en un an des prix pour les courses alimentaires", s'est réjoui le président américain Joe Biden dans un communiqué.

Il s'est dit "optimiste pour l'année à venir", malgré "encore des hauts et des bas".

Les mesures prises depuis neuf mois par la Fed pour ralentir l'activité économique en relevant les taux d'intérêt, et ainsi juguler la forte inflation, semblent en effet commencer à se traduire dans les chiffres.

Mais elles ont aussi commencé à décourager les Américains de consommer, alors que débutait la saison des fêtes de fin d'année. Malgré les journées de promotions du Black Friday et Cyber Monday, fin novembre, les dépenses de consommation n'ont progressé que de 0,1%, contre 0,9% en octobre, comme attendu.

"Il semble raisonnable de s'attendre à ce que les gens deviennent plus prudents, maintenant qu'ils ont épuisé environ la moitié de leurs économies accumulées pendant la pandémie, et que les conditions du marché du travail s'assouplissent", observe Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, dans une note.

Le pays connaît en effet une pénurie de main d'oeuvre depuis un an et demi, poussant les employeurs à relever les salaires pour attirer et conserver le personnel. En novembre, les revenus ont moins progressé que le mois précédent: +0,4%, contre +0,7%.

L'immobilier à la peine

La baisse de l'inflation est une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat. Cela a même fait rebondir plus qu'attendu le niveau de confiance des consommateurs en décembre, selon l'enquête de l'Université du Michigan publiée vendredi. Pour autant, il reste très bas.

La consommation, moteur de la croissance américaine, restée soutenue jusqu'à présent, avait permis au PIB de rebondir de 3,2% au troisième trimestre, en rythme annualisé, après deux trimestres de contraction.

Mais les hausses de taux pèsent d'ores et déjà sur certains secteurs, notamment l'immobilier. Les reventes de logements ont ainsi baissé en novembre pour le dixième mois d'affilée, du jamais vu depuis que ces données ont commencé à être compilées en 1999, avait annoncé jeudi la Fédération des agents immobiliers (NAR).

Or vendredi, le département du Commerce a annoncé que les ventes de maisons neuves ont elles, enregistré un deuxième mois de hausse d'affilée en novembre, surprenant les analystes qui attendaient un recul.

"Quelle que soit la cause de cette apparente résilience, (...) nous doutons qu'elle dure", avertit cependant Ian Shepherdson, qui anticipe plutôt "une chute soudaine des ventes dans les mois à venir".

Les taux d'intérêt des prêts immobiliers ont en effet flambé depuis le début de l'année, en réaction au resserrement monétaire de la Fed pour lutter contre l'inflation.

La Réserve fédérale a, le 14 décembre, relevé de nouveau son taux directeur, mais d'un demi-point seulement, une hausse moins élevée qu'au cours des mois précédents, mais toujours bien plus fort que l'habituel quart de point.

Et a prévenu qu'il n'était pas encore temps de s'arrêter, préférant s'assurer que sa bataille contre l'inflation soit gagnée de façon durable, avant de rendre les armes.

D'autant plus que l'institution monétaire est un peu moins optimiste qu'en septembre sur la trajectoire de la hausse des prix, prévoyant 3,1% en 2023 quand elle tablait, en septembre, sur 2,8%.

Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, qui fait référence et sur lequel sont indexées les retraites, avait aussi montré un fort ralentissement en novembre, à 7,1% sur un an, contre 7,7%.

afp/rp