par Jason Subler et Langi Chiang

Au Japon, la production industrielle a enregistré en avril sa plus forte hausse mensuelle depuis plus de 50 ans.

Les chiffres chinois, point culminant d'une bordée d'indicateurs mensuels qui, pour l'essentiel ont agréablement surpris, laissent penser que les mesures prises par le gouvernement pour encourager la consommation intérieure compensent bien le tassement persistant des exportations.

Cet indicateurs a eu un effet dopant sur un grand nombre de marchés de capitaux de la planète vendredi matin.

La croissance annuelle de la production a atteint un pic de huit mois de 8,9% contre 7,3% en avril et 7,5% attendu. Le pourcentage est conforme à ce qu'avaient annoncé deux journaux chinois cette semaine.

Le Bureau national de la statistique souligne toutefois que sur le pourcentage annuel de mai, 0,6 point est attribuable à un comparatif faible un an auparavant qui s'explique par le séisme qui avait touché le sud du pays.

Les ventes au détail ont bondi de 15,2% annuellement en mai, dépassant également le consensus, après +14,8% en avril.

Les nouveaux prêts en yuan ont représenté 664,5 milliards de yuans en mai contre 592 milliards en avril.

"Le pire est passé pour l'économie chinoise", dit Hao Daming, analyste de Galaxy Securities à Pékin. "Le rythme du déstockage ces trois derniers mois a été très soutenu. A présent, la Chine a presque atteint le terme du processus de déstockage".

Au Japon, la production industrielle affiche un gain de 5,9% en avril, suivant les données révisées publiées vendredi. Le taux d'utilisation des capacités a également enregistré une hausse mensuelle sans précédent ce mois-là, de 10,2% à 67,2, après un creux record touché en février.

La hausse de la production industrielle avait été initialement estimée à 5,2% en avril. Comme pour le taux d'utilisation, il s'agit du deuxième mois consécutif de hausse, une remontée intervenue après cinq mois de baisse d'affilée.

Par ailleurs, l'indice de confiance du consommateur japonais s'est établi à 35,7 en mai contre 32,4 en avril et un plus bas historique de 26,2 en décembre. Bien qu'amélioré, l'indice reste inférieur à la barre des 50, qui délimite l'optimisme du pessimisme.

En Inde aussi, la production industrielle s'est bien comportée, affichant une hausse de 1,4% en avril par rapport à avril 2008, alors que les économistes anticipaient un recul de 0,2%. Cette production avait diminué quatre mois d'affilée auparavant.

LA QUALITE AVANT TOUT

La croissance plus forte qu'attendu de la production industrielle chinoise s'explique surtout par les mesures de soutien de Pékin mais il y a d'autres signes positifs, comme un rebond de l'investissement foncier et la une consommation résistante, note Qing Wang (Morgan Stanley à Hong Kong).

Le gouvernement a mis en place un plan de relance de 4.000 milliards de yuans essentiellement axé sur les infrastructures, qui a généré une croissance annuelle de l'investissement en actifs immobilisés de 32,9% de janvier à mai.

"Nous pensons que l'économie accélèrera sur le restant de l'année parce que nous assistons actuellement à une croissance de l'investissement encadrée par l'Etat mais dans le même temps nous estimons que les exportations ont sans doute touché leur point bas et se redresseront progressivement", dit Wang.

Les exportations et les importations ont baissé en mai, en glissement annuel, pour le septième mois consécutif. Elles représentent le principal point faible de l'économie chinoise actuellement.

Liu Mingkang, le patron de la Commission de surveillance bancaire, a émis un bémol toutefois, en évoquant les doutes relatifs au redressement du secteur immobilier. Il a toutefois dit vendredi à Pékin, à l'occasion d'une conférence financière, que les banques restaient saines.

Les banques chinoises ont prêté 5.840 milliards de yuans de janvier à mai, un montant sans précédent qui a dépassé aisément l'objectif minimal du gouvernement qui était de 5.000 milliards pour l'ensemble de l'année.

"C'est surtout la qualité qui nous accapare à présent. Tant que la qualité est bonne, il ne devrait y avoir aucun problème même si le rythme est un peu élevé", a expliqué Liu.

Quoi qu'il en soit cet indicateur a dopé les valeurs bancaires en Bourse.

Quant aux ventes au détail, même si elles ont conservé un rythme de croissance soutenu, une enquête publiée par la banque centrale montre qu'un nombre sans précédent de citadins préfère à présent économiser plutôt que dépenser.

L'enquête menée fin mai montre que 3,4% seulement des citadins voient leur revenu augmenter à l'avenir, soit une chute de 14,3 points par rapport au premier trimestre. Quarante-sept pour cent d'entre eux préfèreraient épargner à présent, soit 9,5 points de plus qu'au premier trimestre. Ce pourcentage est en outre le plus élevé depuis que cette enquête existe, soit 1999.

Version française Wilfrid Exbrayat