par Gleb Stolyarov

MOSCOU, 30 janvier (Reuters) - L'homme d'affaires russe Arkady Rotenberg a déclaré samedi être le propriétaire d'un immense palais dans le sud de la Russie que le principal opposant au Kremlin Alexeï Navalny, emprisonné, a lié au président Vladimir Poutine.

Alexeï Navalny et sa fondation anti-corruption ont publié une vidéo dans laquelle apparaît un opulent manoir qu'ils disent appartenir au dirigeant russe. La vidéo a été visionnée plus de 103 millions de fois.

Arkady Rotenberg, l'ancien partenaire d'entraînement de judo de Poutine qui a vendu sa participation dans la société de construction de gazoduc Stroygazmontazh en 2019 pour une somme que le quotidien des affaires de RBC évaluait à quelque 75 milliards de roubles (990 millions de dollars), a déclaré avoir acheté le palais il y a deux ans.

"Maintenant, ce ne sera plus un secret, je suis le bénéficiaire", a-il-dit dans une vidéo publiée par la chaîne Mash sur Telegram. "Il y avait un lieu assez compliqué, il y avait beaucoup de créanciers, et j'ai réussi à en devenir le bénéficiaire."

L'homme d'affaires n'a donné aucun autre détail financier sur l'achat ni sur la manière dont il a été financé. Vladimir Poutine avait déjà nié être le propriétaire du palais.

Alexeï Navalny, placé en détention provisoire pendant 30 jours le 18 janvier pour des violations de libération conditionnelle selon lui montées de toutes pièces, risque plusieurs années de prison. Il a été arrêté après avoir regagné Moscou depuis l'Allemagne, où il se rétablissait d'un empoisonnement par agents neurotoxiques survenu en août dernier.

Après son arrestation, des milliers de personnes ont participé à des manifestations non autorisées à travers la Russie samedi dernier pour demander au Kremlin de le libérer.

Les partisans d'Alexeï Navalny prévoient d'organiser d'autres rassemblements de protestation dans toute la Russie ce dimanche. Les autorités ont déclaré qu'elles étaient illégales et ont promis de les disperser.

Arkady Rotenberg figurait parmi les responsables russes et les dirigeants d'entreprises placés sur les listes noires des États-Unis et d'autres puissances occidentales à la suite de l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.

La police russe a par ailleurs arrêté samedi Sergey Smirnov, rédacteur en chef du média indépendant Mediazona, à Moscou, soupçonné d'avoir participé à la manifestation de Moscou le week-end dernier, a annoncé Mediazona. (Version française Benjamin Mallet)