par Kate Abnett et Benoit Van Overstraeten

BRUXELLES, 13 décembre (Reuter) - Les ministres européens de l'Énergie se réunissent ce mardi à Bruxelles pour tenter de se mettre d'accord sur un plafonnement des prix du gaz à l'échelle de l'Union européenne, après des mois d'impasse sur cette question qui divise profondément les 27 États membres.

La crise énergétique, provoquée par la réduction des livraisons de gaz à l'Europe par la Russie cette année, a entraîné de fortes hausses des prix, mais les 27 États membres n'ont pas réussi à trouver un accord.

"Les citoyens européens sont à l'agonie, les entreprises européennes ferment et l'Europe a débattu inutilement", a déclaré mardi le ministre grec de l'Énergie, Konstantinos Skrekas, appelant à un accord rapide.

La Grèce et d'autres pays comme la Belgique, la Pologne et l'Italie affirment qu'un plafond est nécessaire pour protéger leurs économies des prix élevés de l'énergie, tandis que l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche craignent que les producteurs livrent ailleurs qu'en UE.

"Il est probable qu'aucun État membre ne soit satisfait de la proposition dont nous discutons", a déclaré un haut diplomate européen, pour qui le plafonnement du prix du gaz est "l'un des dossiers les plus compliqués et les plus difficiles que l'on puisse imaginer".

À la recherche d'un compromis, la République tchèque - qui assure la présidence tournante de l'UE - a abaissé une précédente proposition de plafonnement dans une fourchette de 200 à 220 euros par mégawattheure sur une période de trois à cinq jours sur le contrat à un mois sur la plate-forme néerlandaise TTF (Title Transfer Facility), et si les prix sont supérieurs de 35 euros à un prix de référence pour le gaz naturel liquéfié (GNL).

Le projet de proposition précédent prévoyait le déclenchement du plafonnement si les prix dépassent 220 euros par mégawattheure pendant cinq jours.

Et la Commission européenne avait proposé en novembre un plafonnement à 275 euros le mégawattheure (MWh) en prenant comme référence le cours de marché à un mois.

La position française pourrait être décisive dans ce dossier. Initialement favorable à un plafonnement des prix, elle a exprimé la semaine dernière son inquiétude quant aux retombées potentielles sur les marchés financiers, selon trois diplomates de pays de l'UE.

Selon la ministre française de la Transition Énergétique, Agnès Pannier-Runacher, un des objectif clé serait de garantir la stabilité des marchés financiers.

"Il n'y a pas un objectif qui serait mauvais. On a tous besoin de sécuriser nos approvisionnements en gaz (...), de sécuriser nos entreprises industrielles au moment où le prix du gaz risque de les mettre en difficulté (...) et on a tous besoin de sécuriser la stabilité de nos marchés financiers", a-t-elle dit mardi avant le conseil.

L'UE a déjà adopté une série de mesures d'urgence dans le domaine de l'énergie cette année, notamment des exigences en matière de stockage du gaz. Mais le plafonnement pourrait influencer d'autres politiques, notamment l'accélération des autorisations pour les projets d'énergie renouvelable. (Reportage Kate Abnett, Jan Lopatka, Sabine Siebold ; Avec la contribution de Jean-Stéphane Brosse, version française Kate Entringer)