L'UE devrait unir ses forces à celles des pays africains pour réformer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière de subventions afin de contrer les distorsions du marché et l'influence diplomatique de la Chine, affirme l'Institut économique allemand (IW) dans un document publié mercredi.

L'IW, qui est financé par d'importantes associations d'entreprises allemandes et qui a du poids parmi les décideurs politiques berlinois, a publié ce document à l'approche d'un sommet UE-Chine qui se tiendra à Pékin jeudi et vendredi.

La question de la concurrence déloyale devrait figurer en tête de l'ordre du jour, trois mois après que la Commission européenne a lancé une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois.

La réforme sera l'un des principaux sujets abordés lors de la 13e conférence ministérielle de l'OMC (MC13), qui se tiendra en février, bien qu'un consensus total soit nécessaire pour apporter des changements substantiels.

Le groupe de négociation Afrique de l'OMC a proposé de réformer les règles actuelles en matière de subventions afin de mieux soutenir les pays en développement, par exemple en leur permettant d'imposer des exigences en matière de contenu local et d'accorder des subventions pour la protection de l'environnement.

Dans son nouveau document, dont Reuters a eu connaissance avant sa publication, l'IW estime que l'Union européenne devrait étendre cette initiative afin de renforcer également les règles en matière de subventions applicables aux principaux pays commerçants du monde.

Ces grands acteurs seraient déterminés en fonction de leur part dans le commerce mondial ou de leur niveau de revenu. Cela signifie que de nouvelles règles s'appliqueraient à la Chine, même si l'OMC la classe parmi les pays en développement.

Une telle initiative conjointe UE-Afrique pourrait faire pression sur la Chine pour qu'elle accepte des réformes et contribuerait à limiter la course mondiale aux subventions qui ne cesse de s'intensifier.

"En outre, l'UE pourrait contrer la tentative de la Chine de se présenter comme le défenseur des intérêts des pays en développement à Genève", ont écrit Juergen Matthes et Samina Sultan, auteurs de l'article intitulé "Reforming the WTO's subsidy rules -A new opportunity to tackle the global distortions of Chinas state capitalism" (Réformer les règles de l'OMC en matière de subventions - Une nouvelle occasion de lutter contre les distorsions mondiales du capitalisme d'État de la Chine).

"Si la Chine bloquait la réforme, elle bloquerait également les intérêts vitaux du groupe africain et d'autres pays en développement, qui souhaitent bénéficier d'une plus grande marge de manœuvre en matière de développement.