BRUXELLES/SARAJEVO (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont convenus jeudi d'ouvrir des pourparlers d'adhésion avec la Bosnie, en soulignant cependant qu'il était nécessaire que le pays des Balkans entreprenne davantage de réformes avant que les discussions puissent effectivement commencer.

"Félicitations ! Votre place se trouve dans notre famille européenne", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, après avoir annoncé la décision prise par les dirigeants européens lors d'un sommet à Bruxelles.

Il s'agit d'un "pas crucial dans votre chemin vers l'UE", a-t-il ajouté sur le réseau social X. "Le dur labeur doit désormais continuer pour que la Bosnie-Herzégovine avance, comme le veut votre peuple".

Considérée comme historique pour le pays, la décision des dirigeants européens vient alimenter l'espoir que la Bosnie surmonte les instabilités dues aux rivalités ethniques et aux menaces de sécession, près de trois décennies après la fin d'une guerre dévastatrice.

Alors que la principale avenue de la capitale Sarajevo était décorée de centaines de drapeaux de l'UE, le ministre bosnien des Affaires étrangères, Elmedin Konakovic, a déclaré à la télévision nationale qu'il s'agissait de "l'un des plus beaux jours de l'histoire de la Bosnie-Herzégovine".

La décision montre que le projet européen de paix "grandit", a estimé le chancelier allemand, Olaf Scholz, disant sur le réseau social X voir un "signe clair en faveur d'une Europe forte".

Depuis l'offensive lancée par la Russie en Ukraine en février 2022, dénoncée par Kyiv et ses alliés européens comme une invasion, l'idée d'un élargissement du bloc a gagné du terrain parmi les responsables de l'UE, désireux que les "zones grises" aux frontières de l'Europe ne soient pas déstabilisées par des puissances étrangères.

La Bosnie a adopté ces derniers mois des lois liées aux 14 priorités fixées par la Commission européenne en 2019, concernant principalement la démocratie, le fonctionnement de l'Etat, les droits fondamentaux et la réforme de l'administration publique.

L'exécutif européen a recommandé la semaine dernière l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie, citant des progrès importants réalisés par le pays dans plusieurs domaines. Toutefois, aucune loi sur le fonctionnement de la justice et sur le processus électoral n'a été adoptée, alors qu'il s'agit aussi de priorités érigées par la Commission.

Au cours du sommet organisé à Bruxelles, les dirigeants de l'UE sont convenus d'adopter un cadre de négociations pour l'adhésion de la Bosnie dès que le pays aura pris "toutes les mesures adéquates" recommandées par la Commission européenne en octobre dernier.

Ces négociations devraient s'étendre sur plusieurs années durant lesquelles de nombreuses réformes supplémentaires, sur les plans politique et économique, seront nécessaires pour que la Bosnie intègre effectivement le bloc communautaire.

(Reportage Nette Nöstlinger, Daria Sito-Sucic et Andrew Gray; version française Jean Terzian)

par Nette Noestlinger, Daria Sito-Sucic et Andrew Gray