par Noah Barkin

Cette hausse constitue une surprise après quatre trimestres consécutifs de contraction du produit intérieur brut (PIB). La France a également annoncé une croissance inattendue de 0,3% sur la période avril-juin.

Les économistes avaient pronostiqué une contraction de 0,3% de l'activité économique dans les deux pays et restent prudents sur l'interprétation à donner à ces chiffres.

"La récession a pris fin et elle s'est terminée plus tôt que nous le pensions tous", souligne Andreas Reed d'Unicredit. "C'est une bonne nouvelle".

"La question est de savoir combien de temps cela va durer", tempère Jens-Oliver Niklasch de LBBW. "Il reste un grand nombre de problèmes que nous n'avons pas réglés. Le secteur bancaire en particulier reste dépendant de la protection de l'Etat."

Selon l'Office fédéral des statistiques, la hausse du PIB par rapport au premier trimestre s'explique par l'augmentation de la consommation privée et publique et par le regain d'activité dans la construction.

En dépit du recul des exportations, la balance commerciale a également contribué à cette amélioration en raison de la baisse encore plus marquée des importations.

Les contrats sur les emprunts d'Etat de la zone euro ont reculé dans la foulée de la publication de la statistique tandis que l'euro progressait face au dollar; les Bourses européennes étaient quant à elles en nette hausse en fin de matinée.

Au premier trimestre, la chute du PIB allemand avait atteint une ampleur sans précédent, mais la baisse a été révisée jeudi à -3,5% contre -3,8% annoncé auparavant.

STABILISATION ET CROISSANCE FAIBLE

Depuis plusieurs mois, les enquêtes de confiance en Allemagne sont orientées à la hausse et les indicateurs macroéconomiques publiés la semaine dernière ont renforcé les espoirs de reprise.

Les commandes à l'industrie ont enregistré une hausse sans précédent depuis deux ans en juin grâce au rebond de la demande étrangère. Les exportations, pilier de l'économie allemande, ont connu leur plus forte amélioration depuis près de trois ans au cours de la même période.

Les économistes mettent toutefois en garde contre tout excès d'optimisme concernant la reprise. Outre la fragilité du secteur bancaire, ils évoquent le risque d'une montée du chômage et d'une baisse de la consommation lorsque l'impact des mesures de relance commencera à s'estomper.

"Nous entrons dans une phase de stabilisation et de faible croissance", souligne Christian Dreger de l'Institut économique

DIW.

"Le principal risque pour l'Allemagne est une forte hausse du chômage. Si les entreprises décident de commencer à limoger des salariés à l'automne plutôt que de réduire le nombre d'heures travaillées, cela aura un impact négatif sur les salaires et affectera la consommation", ajoute-t-il.

Le gouvernement anticipe une baisse d'environ 6% du PIB sur l'ensemble de l'année mais l'estimation préliminaire du deuxième trimestre pourrait l'amener à revoir ses projections.

"Je suis prudent en matière de prévisions mais il y a de plus en plus de signes d'amélioration", a dit le ministre des Finances Peer Steinbrück dans l'édition du Bild datée de jeudi. "Cela me rend optimiste".

Son homologue de l'Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg, a estimé que les derniers chiffres ne prêtaient pas à l'euphorie, tout en indiquant que les derniers indicateurs macroéconomiques laissaient penser que l'embellie allait se poursuivre au troisième trimestre.

"La stabilisation de l'économie allemande au deuxième trimestre s'est révélée un peu meilleure que ce que nous attendions. Ces chiffres devraient nous encourager", a dit le ministre dans un communiqué, soulignant que les mesures de relance avaient porté leurs fruits.

"Toutefois, il n'y a aucune raison d'être euphorique, car nous avons encore un long chemin à parcourir avant que l'économie ne revienne à son niveau de l'an dernier", a-t-il ajouté.

En rythme annuel, l'économie de la République fédérale accuse au deuxième trimestre une chute de 7,1%, après -6,4% sur la période janvier-mars. Les chiffres détaillés pour le deuxième trimestre doivent être publiés le 25 août.

Avec Brian Rohan et Dave Graham à Berlin, Sakari Suoninen à Francfort, version française Marc Angrand et Gwénaëlle Barzic