BERLIN/ANKARA, 2 mars (Reuters) - Les autorités allemandes ont annulé jeudi deux meetings auxquels devaient participer des ministres turcs dans un contexte de tension entre Berlin et Ankara au sujet de la détention en Turquie du journaliste turco-allemand Deniz Yücel.

Le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdag, qui devait s'exprimer dans la ville de Gaggenau (sud-ouest) à l'invitation de l'Union des démocrates turcs européens (UETD), a regagné son pays après avoir été informé que l'événement n'avait pas obtenu les autorisations requises.

Le ministère des Affaires étrangères à Ankara a convoqué l'ambassadeur d'Allemagne pour exprimer son mécontentement.

Bozdag devait s'adresser à des partisans du président Recep Tayyip Erdogan dans le cadre des efforts déployés par Ankara auprès des quelque 1,5 million de ressortissants turcs en vue du référendum du 16 avril sur la réforme constitutionnelle.

Les autorités locales ont expliqué que la salle était trop petite pour le nombre de personnes annoncées.

La municipalité de Cologne a également annulé la tenue d'une conférence, dimanche, où devait intervenir le ministre turc de l'Economie, Nihat Zeybecki.

Deniz Yücel, qui a la double nationalité turque et allemande, a été arrêté le 14 février après avoir rapporté dans des courriels qu'un collectif de hackers, classé à gauche, avait obtenu le compte mail privé de Berat Albayrak, ministre de l'Energie et gendre du président Recep Tayyip Erdogan.

Il risque jusqu'à dix ans et demi de prison s'il est reconnu coupable de propagande en faveur d'une organisation terroriste et incitation à la violence publique. Il dément ces accusations.

Deniz Yücel est le premier journaliste allemand à être placé en détention dans le cadre de la répression qui sévit depuis le putsch avorté du 15 juillet dernier en Turquie.

Lors d'un déplacement à Kiev, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a déclaré que cette arrestation avait d'ores et déjà provoqué de graves dommages dans les liens entre l'Allemagne et la Turquie.

"Nous devons régler ce problème au plus vite", a dit le chef de la diplomatie allemande.

Les relations entre Berlin et Ankara sont déjà au plus bas depuis les purges effectuées par le gouvernement turc après le putsch manqué du 15 juillet dernier et l'ouverture d'une enquête en Allemagne sur des soupçons d'espionnage par des imams turcs. (Andrea Shalal, Ece Toksabay; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)