(Actualisé après entretien Kerry-Lavrov)

par Lesley Wroughton et Stephanie Nebehay

GENEVE, 26 août (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ne sont pas parvenus au terme de leur entretien vendredi à Genève à un accord sur un cessez-le-feu à Alep ou sur une coopération militaire contre l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie.

Pour John Kerry, qui a parlé d'un entretien "constructif et productif", Moscou et Washington sont très proches d'un accord de coopération mais n'entendent pas "se précipiter" tant que tous les détails n'auront pas été réglés.

"Nous ne voulons pas parvenir à un accord juste pour avoir un accord", a déclaré John Kerry pendant une conférence de presse au côté de Sergueï Lavrov.

"Nous voulons quelque chose qui soit efficace pour le peuple syrien, qui rende la région plus stable et plus sûre et qui nous ramène à la table de négociations ici à Genève pour trouver une solution politique", a-t-il ajouté.

Le secrétaire d'Etat américain, qui avait déjà estimé cette semaine que les discussions entre équipes techniques étaient presque terminées, a précisé que celles-ci se poursuivraient dans les prochains jours à Genève.

Sergueï Lavrov a évoqué de son côté la persistance de points de désaccords "mineurs" entre la Russie et les Etats-Unis.

Lorsque les négociations ont été lancées en juillet à l'initiative de John Kerry, en visite à Moscou, le chef de la diplomatie américaine a proposé un partage des renseignements entre Moscou et Washington et des frappes aériennes coordonnées contre l'EI, assorties d'une immobilisation des avions de Damas pour éviter des attaques sur des groupes rebelles modérés.

LA TURQUIE CHANGE LA DONNE

Les Etats-Unis voient dans ce plan un moyen de limiter les combats, qui ont poussé des millions de Syriens à l'exil et qui empêchent l'aide humanitaire de parvenir à des centaines de milliers de civils.

Le conflit est entré dans une nouvelle phase cette semaine avec l'intervention militaire de la Turquie pour chasser l'EI de Djarablous, un de ses derniers bastions syriens dans le nord de la Syrie, et arrêter la progression des milices kurdes le long de la frontière.

Ankara a répété vendredi que son intervention allait durer pour préserver "l'intégrité territoriale de la Syrie", un soucis également partagé par Moscou mais qui place Washington en porte-à-faux par rapport aux Kurdes, principaux alliés de la coalition américaine luttant contre l'EI en Syrie.

En parvenant à un accord avec la Russie, qui soutient le régime de Bachar al Assad, les Etats-Unis espèrent favoriser le déclenchement de discussions sur une transition politique en Syrie, au point mort depuis des mois.

En attendant, les combats se poursuivent sur le terrain, même si l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé jeudi que Moscou avait approuvé le principe d'une pause de 48 heures dans les combats à Alep, dans le nord du pays, pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.

Plus au Sud, dans les faubourgs de Damas, l'évacuation des derniers rebelles et habitants du quartier de Daraya assiégé par les forces de Bachar al Assad depuis 2012 a débuté vendredi et devrait se poursuivre samedi à la suite d'un accord conclu entre l'armée et les insurgés. (Julie Carriat et Tangi Salaün pour le service français)