par Miyoung Kim et Matt Scuffham

KNOC propose d'acquérir Dana pour 1,67 milliard de livres (2,6 milliards de dollars) en espèces et de racheter des obligations convertibles, ce qui représente au total un montant de 2,9 milliards de dollars.

Cette opération souligne l'intérêt croissant de la Corée du Sud pour le contrôle d'actifs dans l'énergie à l'étranger.

Séoul a mis cette année 6,5 milliards de dollars à disposition de la société pour concurrencer les autres groupes énergétiques asiatiques qui cherchent eux aussi à garantir leurs approvisionnements et subvenir aux besoins de leurs économies.

Certains groupes, chinois notamment, sont déjà passés devant KNOC pour des opérations de fusions-acquisitions plus importantes.

KNOC a dû se résoudre à lancer la plus grosse offre de rachat (OPA) hostile de la part d'un groupe sud-coréen après que le conseil d'administration de Dana eut rejeté auparavant la proposition à 1.800 pence par action de la société asiatique.

"UN BON PRIX POUR LES ACTIFS DE DANA"

Si le groupe londonien a exhorté les investisseurs à ne pas agir, ces derniers doutent qu'une autre offre puisse être déposée. Cette situation a ainsi permis à KNOC de déclarer vendredi s'être déjà assuré le soutien de 48,6% des actionnaires de Dana.

Cela suppose qu'il ne devrait pas y avoir de véritable lutte, alors que pour parvenir à ses fins, KNOC doit obtenir l'approbation de 75% de l'actionnariat de Dana.

"Je ne retiens pas mon souffle", avoue d'ailleurs un gérant de fonds, alors qu'un autre gérant estime que Dana devra "sortir un lapin du chapeau".

L'offre de 1.800 pence de KNOC fait ressortir une prime de 59% par rapport au cours de clôture du titre Dana au 30 juin dernier, soit la veille du jour où le groupe a déclaré avoir été approché.

"L'offre implique une valorisation de l'entreprise par réserve avérée et probable d'environ 12,5 dollars par baril équivalent pétrole, ce qui constitue un bon prix pour les actifs de Dana", souligne Marc Kofler, analyste chez Citigroup.

Certains analystes estiment que la réticence de Dana à accepter une offre pourtant considérée par beaucoup comme généreuse est liée à l'attachement de Tom Cross, le directeur général du groupe britannique, à son entreprise.

"TRÈS DÉÇUS"

KNOC a dit qu'il n'avait pas d'autre choix que de s'adresser directement aux actionnaires de Dana, qui a annoncé la semaine dernière la fin des discussions avec le groupe sud-coréen après que ce dernier eut refusé de signer un accord voulu par la société britannique avant de laisser KNOC examiner ses comptes.

"Nous sommes très déçus que le conseil d'administration de Dana n'ait pas convenu que 1.800 pence par action représentait une valorisation complète et juste de l'entreprise", a regretté le vice-président du groupe sud-coréen Kim Seong-hoo.

En cas de succès, cette opération pourrait dépasser la précédente acquisition de KNOC, qui avait racheté en octobre le canadien Harvest Energy pour 1,7 milliard de dollars.

Les analystes jugent positive cette transaction pour KNOC comme pour la Corée du Sud.

Elle marquerait également la fin des échecs de KNOC dans ses tentatives de rachat, qui s'est fait doubler en 2009 par le chinois Sinopec sur Addax Petroleum, et par l'italien ENI en 2007 pour le britannique Burren Energy.

Les analystes estiment par ailleurs que cette acquisition pourrait permettre une opération sur Faroe Petroleum, dans lequel Dana détient 27,5%.

"Le marché pourrait se pencher sur ce qui constitue un tremplin potentiel à une offre pour l'entreprise, soit de la part de KNOC lui-même, soit d'une autre prétendant potentiel", souligne Peter Hitchens, analyste chez Panmure Gordon.

Vers 14h15 GMT, l'action Dana bondissait de 6,02%, à 1.797 pence.

Voir aussi :

Graphique sur les éléments clefs de l'offre :

http://link.reuters.com/nar26n

Graphique sur les investissements de KNOC dans le gaz et le

pétrole :

http://graphics.thomsonreuters.com/F/08/KR_OVRSSTS0810.gif

Avec Tom Bergin à Londres et Cho Mee-young à Séoul, Catherine Monin et Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic