Banque, textile et éolien : la remontada espagnole

L'IBEX 35, indice phare de la bourse espagnole, a clôturé une année remarquable en 2024, enregistrant une appréciation impressionnante de 14,7%. Cette performance s'avère encore plus notable lorsqu'on considère le l’IBEX 35 Total Return (dividendes réinvestis) portant le rendement total à 19,99%. Il est composé des 35 entreprises les plus liquides négociées sur le système de la Bolsa de Madrid, qui est la principale bourse des quatre qui existent en Espagne (Madrid, Barcelone, Bilbao et Valence).

L'indice a été créé en 1992, et son nom est un acronyme pour "Índice Bursátil Español", ce qui signifie simplement "Indice Boursier Espagnol". Cet indice est géré par Bolsas y Mercados Españoles (BME), qui est également responsable de la gestion des autres bourses et marchés en Espagne. L'IBEX se décline également en des indices plus larges tels que l’IBEX Medium Cap et l’IBEX Small Cap qui ont respectivement grimpé de 11,73% et 2,55% en 2024.

L'Espagne a connu une reprise économique impressionnante depuis la pandémie mondiale. Au troisième trimestre 2024, son PIB en volume était 7,3 % supérieur à son niveau de 2019. Cette performance est attribuée à plusieurs facteurs, notamment la faible dépendance du pays aux hydrocarbures russes, une autonomie notable en matière de production électrique, l'exploitation efficace du plan de relance européen "Next Generation EU", et le retour du tourisme. 

L’indice est polarisé autour de trois grands secteurs que sont les financières, l’énergie et les entreprises des produits de grande consommation, qui représentent respectivement 29,60%, 20,99% et 17,44% de l’indice. 

Source : BME

L'ascension de l'IBEX 35 a été fortement portée par les performances remarquables de son secteur financier qui a tiré avantage d'un climat de taux d'intérêt élevés dans la zone euro. Ses principaux acteurs, Banco Santander, BBVA et Caixabank, continuent sur leurs lancées en 2025 en enregistrant des hausses respectives de 17%, 12,8% et 8,1% en surfant sur la consolidation du secteur. Banco Santander est la première banque européenne en nombre de clients et opère une expansion à l’internationale pour le moment réussie. BBVA est, elle, en pourparlers pour s’offrir son concurrent Banco de Sabadell (+16,8%). Les acteurs mentionnés précédemment représentent à eux quatre plus de près de 27% de l’indice espagnol. 

La plus grosse pondération de l’indice demeure Inditex, maison mère de Zara, à hauteur de 15,9% et qui a connu une année 2024 fulgurante en hausse de 25,8%. Bien que l’entreprise connaisse un léger ralentissement en ce début d’année, elle domine un secteur du prêt-à-porter où les concurrents peinent à rivaliser. Enfin, la seconde pondération avec 14,1%, Iberdrola, leader dans le domaine des énergies renouvelables, a vu son cours augmenter de 11%, résistant bien à une volatilité marquée sur les marchés de l'énergie. Il faut dire que l'Espagne est très indépendante d'un point de vu énergétique, n'étant pas concernée entre-autre par les ressources en provenances de Russie.

L'Espagne a également accueilli la plus importante introduction en bourse en Europe depuis 2022. Le groupe de luxe Puig Brands a levé 2,61 milliards d'euros en mai. En incluant l'option de surallocation, cette somme a atteint 2,74 milliards d'euros. Depuis, le groupe dégringole de plus de 27%, peinant à se stabiliser dans un secteur du luxe en souffrance. 

L’Italie sur le devant de la scène

Le FTSE MIB (Milano Indice di Borsa) est l'indice boursier principal de la Bourse italienne, connue sous le nom de Borsa Italiana. Homologue du CAC 40, l'indice est composé de 40 grandes capitalisations. L'histoire de l'indice FTSE MIB remonte à la création de la Borsa Italiana elle-même, qui a été fondée en 1808 à Milan. Cependant, l'indice tel que nous le connaissons aujourd'hui a été formé plus récemment. Avant la création du FTSE MIB, l'indice de référence pour le marché italien était le MIB-30, qui a été lancé en 1994. En juin 2009, la Borsa Italiana et le London Stock Exchange Group (qui avait acquis la Borsa Italiana en 2007) ont formé une alliance avec FTSE Group. À la suite de cette alliance, le S&P/MIB a été renommé FTSE MIB, ce qui a marqué le début de l'indice dans sa forme actuelle.

La bonne santé économique des entreprises italiennes reflète les travaux entrepris par le pays pour assainir son déficit et attirer les capitaux. Pour l'ensemble de l'année 2024, l'objectif de déficit de l'Italie est de 3,8% du PIB, une amélioration significative par rapport aux 7,2% de 2023. L’Italie se hisse comme quatrième exportateur au S1 2024 avec un creux record dans les chiffres du chômage à 5,8% en octobre dernier (contre 9,38% en moyenne depuis 1983). La politique de Meloni semble porter ses fruits et la hisse en homologue européenne privilégiée de Trump sur la scène internationale, de quoi renvoyer un signal pro-business pouvant attirer encore plus d’investissements étrangers. 

Tout comme l’IBEX, le secteur financier est le plus important et représente 31,5% de la pondération totale de l’indice. C’est surtout les banques qui ont porté la performance de l’indice en 2024, le FTSE Italia All-Share Banks Index gagne 9,7% depuis janvier après avoir explosé de 42,3% et 52,6% en 2023 et 2024. Un grand gagnant sont bien entendu les champions UniCredit (+13,2%) dont le feuilleton avec la Commerzbank a animé l’actualité bancaire européenne. L’autre récente hausse fut Generali (+11%) qui a façonné sa branche Asset Management avec Natixis pour former un géant européen de la gestion. De manière générale, l’ensemble des banques et des assureurs italiens a connu de très bonnes performances ces douze derniers mois. 

Ensuite viennent les secteurs automobile, utilitaire et énergétique qui représentent respectivement 15,1%, 14,4% et 9,7% de l’indice. Mis à part Ferrari qui s’est apprécié de 35% en 2024, Stellantis a lui perdu 40% sur la même période malgré un léger rebond en ce début d’année. Le fabricant de pneumatiques Pirelli démarre lui l’année sur les chapeaux de roues en enregistrant une hausse de 7,5%.

Enel, troisième pondération de l’indice et premier producteur d'électricité italien, ainsi qu’Eni, extracteur de pétrole et de gaz, ont su naviguer dans un environnement de prix très volatil. Enfin, le concepteur de système de défense Leonardo S.p.A. poursuit son ascension. Véritable chouchou des investisseurs, l’entreprise prend 13,5% depuis le premier janvier et continue sa croissance extraordinaire en surfant sur un secteur de la défense en plein essor. Dans le même temps, Moncler reprend des couleurs et essuie sa perte en valeur de 2024 en enregistrant un hausse de 20,2% de son cours.