(Actualisé nouveau bilan à Lampedusa, déclarations d'Enrico Letta)

par James Mackenzie

ROME, 12 octobre (Reuters) - Les sauveteurs italiens et maltais ont récupéré 34 corps et secouru 206 rescapés après le naufrage vendredi d'un bateau de migrants entre la Sicile et la Tunisie.

Pour le Premier ministre maltais Joseph Muscat, la Méditerranée risque de devenir un "cimetière" si rien n'est fait et le président du Conseil italien, Enrico Letta, a demandé que ce dossier de l'immigration clandestine soit à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil européen, les 24 et 25 octobre.

Ce nouveau drame survient huit jours après celui de l'île italienne de Lampedusa, où 19 corps supplémentaires rejetés par la mer ont été découverts samedi par les secours, portant le bilan à 358 morts, pour la plupart des Somaliens et des Erythréens.

Vendredi, le bateau en détresse a été repéré par un avion de l'armée maltaise à 60 milles nautiques (110 km) au sud des côtes siciliennes. Selon la presse italienne, il a chaviré lorsque les passagers paniqués se sont agités pour appeler à l'aide.

Quelque 235 clandestins, dont des enfants, qui tentaient de gagner l'Europe à bord de deux autres bateaux ont par ailleurs été secourus samedi à 70 milles nautiques (130 km) au sud de Lampedusa.

"Je ne sais pas combien il faudra encore de morts en mer avant qu'on se décide à faire quelque chose", a déclaré le chef du gouvernement maltais à la BBC, ajoutant qu'il se joindrait aux Italiens pour exiger des mesures lors du prochain Conseil européen.

"Le fait est que si ça continue comme ça, nous allons faire de notre Méditerranée un cimetière. Jusqu'ici nous n'avons entendu que des mots, rien de plus."

"ON NE PEUT PAS CONTINUER COMME ÇA"

Selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 32.000 migrants sont arrivés depuis le début de l'année dans le sud de l'Italie et à Malte, à la frontière sud de l'Union européenne. Les deux tiers ont déposé une demande d'asile.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures, la Suédoise Cecilia Malmström, a demandé cette semaine un renforcement des moyens de l'agence de l'UE Frontex pour mener "une vaste opération de sécurité et de sauvetage" en Méditerranée, de Chypre jusqu'à l'Espagne.

A la suite du nouveau naufrage de vendredi, elle a salué les marques de solidarité des pays de l'Union mais a souligné que celles-ci "ne resteraient que des mots creux si elles ne sont pas suivies par des actes concrets".

Toujours vendredi, mais en Méditerranée orientale, au large de l'Egypte, douze personnes ont trouvé la mort dans le naufrage d'un bateau transportant des clandestins et des réfugiés syriens. Selon une source, 72 Palestiniens, 40 Syriens et quatre Egyptiens ont pu être sauvés par la garde-côtes égyptienne.

"On ne peut pas continuer comme ça", a déclaré Enrico Letta samedi soir au micro de la radio française Europe 1. "On est dans une situation dans laquelle tout ce qui est en train de se passer en Afrique du Nord, en Erythrée, en Somalie, en Syrie fait qu'on est devant une urgence réelle", a-t-il ajouté.

Face à cette "urgence", et notamment la "presque explosion de la situation libyenne", Letta juge nécessaire une politique commune au niveau de l'Union européenne. (avec Sybille de la Hamaide à Paris; Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français, édité par Henri-Pierre André)