BUDAPEST, 16 novembre (Reuters) - L'espoir de la Hongrie de se voir attribuer une aide de l'Union européenne (l'UE) et du Fonds monétaire international (FMI) après un an d'âpres négociations pourrait bien s'être tout bonnement évanoui vendredi, Budapest annonçant une série de mesures budgétaires allant à l'encontre des recommandations faites par le FMI et l'UE.

Le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor Oban a ainsi décidé qu'une lourde taxe bancaire, l'un des points les plus épineux de la politique budgétaire hongroise, deviendrait permanente.

Il a également annoncé de nouvelles hausses d'impôts sur les entreprises du secteur de l'énergie et des services aux collectivités. La taxe appliquée à ces entreprises s'élèvera désormais à 50% à partir de l'année prochaine.

La Hongrie, Etat le plus endetté d'Europe centrale, est actuellement en récession économique.

Le gouvernement estime que ces mesures rapporteront 90 milliards de forints (316 millions d'euros) aux caisses de l'Etat, permettant ainsi de réduire le déficit budgétaire à 2,7% du produit intérieur brut hongrois en 2013, contre 2,9% prévu par Bruxelles.

La Commission européenne, qui prévoit une croissance de seulement 0,3% pour la Hongrie en 2013, avait averti Budapest que des taxes "disproportionnées" pourraient affecter la croissance.

Le mois dernier, le gouvernement avait déjà annoncé qu'il renonçait à réduire de moitié la taxe bancaire en 2013, comme prévu initialement.

"Le fait de multiplier les amendements sur le budget renforce le manque de clarté politique que le FMI juge pourtant crucial", estime Peter Attard Montalto, analyste chez Nomura à Londres.

Les relations entre Budapest et Bruxelles sont depuis longtemps houleuses, la Hongrie cherchant à écarter un plan d'austérité drastique pour réduire son déficit.

"Demain, nous fêterons le premier anniversaire du début des négociations entre la Hongrie et le FMI. Malheureusement, nous sommes désormais encore plus loin de voir un accord aboutir qu'en 2011", commentent des analystes de Capital Economics dans une note.

Vendredi matin, Viktor Oban avait estimé sur une radio publique que la Hongrie était proche d'un accord avec le FMI, tout en soulignant que le pays serait, dans le cas contraire, en mesure de s'en passer.

Budapest doit refinancer environ 5,6 milliards d'euros de titres de dette et rembourser 4,5 milliards d'euros FMI l'année prochaine, dont près de la moitié au premier trimestre, selon les calculs Reuters effectués à partir des données de l'agence de la dette AKK.  (Gergely Szakacs et Sandor Peto, Catherine Monin pour le service français)