par Julien Ponthus

LA HAYE, 20 janvier (Reuters) - François Hollande entame lundi une visite aux Pays-Bas avec la ferme intention d'en finir avec la perception que les deux pays appartiennent à des camps antagonistes au sein de l'Union européenne en matière de politique d'austérité ou de libéralisation.

Le chef de l'Etat a trouvé à son arrivée au pouvoir, en mai 2012, "une Europe où des clivages s'étaient installés", se rappelle l'un de ses conseillers, pour qui François Hollande a réussi depuis à faire partager à ses pairs "une forme de consensus où il faut poursuivre la réduction des déficits publics sans que cela entraîne la récession".

Le président français conserve néanmoins l'image tenace de chef de file du camp "Sud" de l'Europe, défendant un infléchissement des programmes d'austérité contre l'intransigeance prêtée au "Nord", incarnée par l'Allemagne et les Pays-Bas.

L'engagement répété du chef de l'Etat en faveur d'une politique de l'offre, salué à Berlin, devrait bénéficier d'un accueil favorable à Amsterdam où François Hollande doit participer à un forum économique franco-hollandais et s'adresser à des patrons des deux pays.

"On retrouve un chemin commun", assure-t-on à l'Elysée où l'on s'agace de la "perception excessive" que les deux pays appartiennent toujours à "des clans différents", notamment sur le plan économique où les Néerlandais défendent une approche traditionnellement plus libérale que la France.

L'accord européen trouvé avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte sur un meilleur encadrement de la directive sur les travailleurs détachés souligne, selon les proches de François Hollande, la capacité des deux pays à s'accorder sur des dossiers essentiels.

"Aujourd'hui, on l'a vu au conseil européen en décembre, il n'y a plus les antagonismes qui ont pu nous séparer dans le passé", se félicite-t-on dans l'entourage du président où l'on évoque les point communs entre les deux pays, signataires du Traité de Rome en 1957 et qui ont tous les deux rejeté en 2005 par referendum la Constitution européenne.

"UNE VOLONTÉ DE DÉFENDRE L'EUROPE"

"Avec les Pays-Bas il y a une volonté de défendre l'Europe face à des partis qui la contestent", juge un conseiller de François Hollande pour qui les Pays-Bas restent très éloignés du Royaume-Uni où le Premier ministre David Cameron a promis un referendum avant la fin de 2017 sur le maintien de son pays dans l'UE.

Reste que l'offensive britannique pour engager une simplification radicale des règlements européens a trouvé un écho positif auprès d'Amsterdam alors que la France juge que, sous couvert de simplification administrative, le Royaume-Uni propose en fait une dérégulation massive de l'économie au détriment des travailleurs et de l'environnement.

D'autres sujets sensibles devront aussi être abordés comme la "capacité financière" que Paris souhaite attribuer à la zone euro, une initiative qui s'apparente, selon certains analystes, à une volonté de mettre en oeuvre des transferts financiers du nord de l'Europe vers le Sud.

"On va expliquer la nature de la capacité financière, qui n'est pas un transfert mais un investissement", dit-on à l'Elysée, où l'on veut aussi chasser l'idée que la proposition de donner à l'Eurogroupe un président à temps plein constitue une critique de son président actuel, le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem.

Une conférence de presse commune avec Mark Rutte organisée à La Haye devrait permettre aux deux hommes de présenter leur vision pour le futur de la construction européenne mais aussi de donner l'occasion aux journalistes de revenir sur la situation matrimoniale du chef de l'Etat.

La Première dame, Valérie Trierweiler, a quitté samedi l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où elle avait été admise après la publication par le magazine Closer d'un article faisant état d'une liaison entre François Hollande et la comédienne Julie Gayet, pour la résidence présidentielle de La Lanterne, à Versailles.

Lors de sa conférence de presse de rentrée le 14 janvier, le président français s'était engagé à clarifier sa situation avec sa compagne avant sa visite officielle aux Etats-Unis, qui débutera le 9 février. (Avec Thomas Escritt à Amsterdam, édité par Marine Pennetier)