Quelques heures avant un communiqué du ministère de l’Éducation, Harvard annonçait le rejet des demandes de l’administration Trump, notamment la suppression du programme “Diversité, Équité et Inclusion” (DEI), condition posée pour continuer à percevoir les fonds publics. En début d’année, le Bureau des droits civiques avait adressé un avertissement à 60 universités, les menaçant de sanctions en cas de non-conformité.

Un bras de fer symbolique

Dès janvier, Donald Trump a commencé les pressions sur les universités américaines avec en priorité la lutte contre l’antisémitisme qu’il a jugée insuffisante depuis le début des manifestations à propos de la situation dans la bande de Gaza.  

  • Princeton (New Jersey) a également vu ses subventions gelées précédemment. Le président s’est ainsi dit prêt à collaborer avec l’administration sur l’antisémitisme mais a surtout défendu les intérêts de la liberté académique. 
  • Columbia (New York) s’est vu infliger une coupe de quelque 400 millions de subventions fédérales le 7 mars. Sa présidente a, quant à elle, été contrainte à la démission. L’université a immédiatement pris des mesures pour récupérer ces fonds. 
  • Les universités Northwestern (Illinois) et Cornell (New York) ont également vu leurs subventions se faire couper par le pentagone. Pete Hegseth, ministre de la défense de Trump les qualifiait même de “tolérantes à l’antisémitisme”. 

Boston contre-attaque

Mais à Boston, la riposte s’organise. Harvard, en première ligne, reste inflexible. Dans une lettre adressée à ses étudiants, son président Alan Garber affirme : “Harvard n’abdiquera pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution. Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent recruter, ni sur quels sujets elles peuvent faire de la recherche.”

Le MIT (Massachusetts Institute of Technology), autre université bostonienne, a aussi réagi, en lançant deux actions en justice. Sa présidente, Sally Kornbluth, dénonce une “ingérence du gouvernement qui nuit au fonctionnement normal du MIT et limite notre capacité à servir la nation”.

Un Soutien démocrate

Les figures démocrates montent au créneau. Barack Obama, ancien élève de Harvard, déclare : "Harvard a montré l'exemple aux autres établissements d'enseignement supérieur en rejetant une tentative illégale et maladroite d'étouffer la liberté académique".  

Bernie Sanders, en campagne pour les primaires démocrates, poste sur X : "Félicitations à Harvard pour avoir refusé de renoncer à ses droits constitutionnels face à l’autoritarisme de Trump. D’autres universités devraient suivre leur exemple". Le sénateur du Vermont s’installe comme un des plus solides remparts démocrates. Il est actuellement en tournée des meetings, une série de meetings qu’il nomme “la tournée contre l’oligarchie”. Les électeurs ayant élu deux septuagénaires comme présidents pour la première fois de l’histoire, l’octogénaire démocrate a peut-être ses chances.