(Actualisé avec d'autres déclarations)

PHILADELPHIE, 5 janvier (Reuters) - Le président de la Réserve fédérale de Philadelphie, Patrick Harker, a plaidé vendredi pour deux relèvements des taux seulement en 2018 en raison de la faiblesse de l'inflation et de risques pour le marché obligataire, alors que la plupart de ses collègues en prévoient trois.

Le virage accommodant adopté par Patrick Harker, qui a soutenu les trois hausses décidées par la Fed l'an dernier, traduit une inquiétude croissante quant à la capacité de l'institut d'émission à amener l'inflation vers son objectif de 2%. En novembre Patrick Harker disait encore que trois hausses des taux lui sembleraient être un bon rythme en 2018.

Bien que le taux de chômage soit tombé à 4,1%, soit en dessous du seuil que beaucoup d'économistes considèrent comme étant celui du plein emploi, les salaires ne se sont pas redressés vigoureusement et l'inflation s'est davantage affaiblie qu'elle ne s'est renforcée au cours de 2017.

"Ce serait utile si on pouvait faire remonter l'inflation non seulement à 2% mais au-dessus pendant un temps", a-t-il déclaré. "Ca va si on dépasse (l'objectif)."

Il a aussi souligné le risque nouveau que l'action de la Fed pousse les taux d'intérêt à court terme au-dessus des taux longs. Ce cas de figure, appelé inversion, a historiquement précédé des récessions et cet écueil a aussi été signalé par le président de la Fed de St Louis, James Bullard.

L'écart de rendement entre les obligations à court terme et l'emprunt à 10 ans, actuellement d'un demi-point, a rétréci à mesure que la Fed a relevé son objectif de fonds fédéraux. Pour Patrick Harker, cela signifie que la banque centrale doit ralentir ses resserrements.

"Je pense qu'on ne doit rien faire qui puisse précipiter une inversion", a-t-il dit. "Nous avons du temps."

Dans un discours préparé pour la réunion annuelle de l'organisation professionnelle American Economic Association, Patrick Harker dit s'attendre à ce que l'économie enregistre une croissance légèrement inférieure à 2,5%.

Il prévoit que le chômage restera faible cette année avant de remonter de quelques dixièmes de point l'année prochaine, et que l'inflation dépassera les 2% en 2019 avant de revenir vers l'objectif de la Fed en 2020. Il reste "peu de capacités inemployées" sur le marché du travail, fait-il valoir.

Mais, ajoute-t-il, "si la faiblesse de l'inflation persiste, cela peut constituer un sérieux problème", au point qu'il sera encore plus difficile de la faire revenir à des niveaux sains. "Pour cette raison, de mon point de vue, deux hausses des taux sont susceptibles d'être appropriées pour 2018."

(Jonathan Spicer et Howard Schneider, avec Ann Saphir,; Claude Chendjou et Véronique Tison pour le service français)