Genève (awp/afp) - Une trentaine d'activistes du climat vont être jugés cette semaine par la justice suisse pour avoir bloqué un centre commercial le 29 novembre 2019 lors du "Black Friday".

Ce procès, qui s'ouvre mardi à Fribourg et doit durer 4 jours, est le plus gros procès climatique de Suisse, selon les médias.

Le 29 novembre 2019, des actions surnommées "Block Friday" s'étaient déroulées partout en Europe pour "la première fois" depuis l'introduction de l'événement commercial Black Friday sur le continent pour dénoncer "cette incitation à la surconsommation et ses conséquences climatiques", a indiqué le réseau de militants Extinction Rebellion (XR) dans un communiqué.

Dans cette affaire, la trentaine d'activistes, qui pour la plupart ont entre 19 et 25 ans, ont été condamnés à des amendes, certaines fermes et d'autres avec sursis, pour avoir pris part à une manifestation non autorisée, troublé l'ordre public et s'être opposés aux injonctions de la police, selon l'agence de presse suisse ATS.

Mais les activistes, qui sont défendus par une dizaine d'avocats, ont fait opposition à ces condamnations prononcées par des ordonnances pénales rendues par un procureur fribourgeois.

Le procès s'annonce tendu. Il y a quelques semaines, la défense s'est plaint de n'avoir pas obtenu du juge qui préside le procès le droit de faire témoigner des scientifiques.

Parmi ces scientifiques figure le nom du prix Nobel de chimie vaudois Jacques Dubochet, un habitué de la cause climatique. Ces derniers pourraient, selon la défense, démontrer que l'action de blocage a été commise en état de nécessité, sous la pression de l'urgence climatique.

Alors que les procès de militants du climat se multiplient ces derniers mois en Suisse, la défense a invoqué à plusieurs reprises cet état de nécessité. Un argument parfois accepté.

En janvier 2020, un juge avait créé la sensation en Suisse en relaxant au bénéfice de l'"état de nécessité" 12 militants qui s'étaient introduits en novembre 2018 dans une succursale du Credit Suisse déguisés en Roger Federer, pour protester contre les investissements dans les énergies fossiles de la banque, sponsor du champion de tennis suisse. Il avait estimé qu'ils avaient légitimement agi face à l'urgence climatique.

La cour d'appel avait ensuite estimé que les militants auraient pu utiliser d'autres moyens légaux, notamment politiques, et invalidé le jugement.

Mais en octobre dernier, une cour d'appel de Genève a à son tour acquitté un autre jeune militant qui avait dégradé en 2018 le siège du Crédit Suisse pour dénoncer ses investissements dans l'énergie fossile, au nom de "l'état de nécessité" face à l'urgence climatique.

afp/al