* La police pense qu'un seul suspect a agi et non pas deux

* La voiture de l'agresseur a été retrouvée vide en banlieue

* La Première ministre danoise parle d'un acte terroriste

* Bernard Cazeneuve va se rendre à Copenhague (actualisé tout du long)

par Sabina Zawadzki et Ole Mikkelsen

COPENHAGUE, 14 février (Reuters) - Un civil a été tué et trois policiers ont été blessés samedi à Copenhague dans une fusillade devant un centre culturel où se tenait un débat en présence de Lars Vilks, artiste suédois qui avait reçu des menaces de mort depuis qu'il avait publié des dessins représentant le prophète Mahomet.

La police a parlé tout d'abord de deux suspects mais, après avoir interrogé divers témoins, elle a dit penser qu'un seul agresseur avait agi. L'auteur de cet acte a pris la fuite en voiture, et le véhicule, une Polo, a été retrouvé vide, par la suite, dans la banlieue de la capitale danoise.

La police a diffusé une photo du suspect, dont le visage porte une cagoule. L'attaque du centre culturel n'a pas été revendiquée pour le moment.

La Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, a estimé qu'il s'agissait clairement d'un acte "terroriste", qui, selon la police, visait directement Lars Vilks. Helle Thorning-Schmidt a ajouté que l'ensemble du Danemark avait été placé en état d'alerte avancée.

Le sujet du débat public samedi, dans ce centre culturel, était "Art, Blasphème et liberté d'expression". Y participait aussi l'ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, qui est sorti indemne de la fusillade.

Le débat avait été ouvert par l'ambassadeur de France, qui avait félicité le Danemark pour son soutien après l'attentat début janvier contre Charlie Hebdo, a raconté un technicien du son, Palle Vedel, à la chaîne d'information danoise DR.

"Avant que l'ambassadeur ait pu céder sa place à Lars Vilks, le débat a été interrompu par un ou plusieurs hommes qui ont commancé à tirer", a ajouté ce technicien.

"Je suis encore un peu sonné", a dit l'ambassadeur sur TF1. "J'étais dedans, je venais de me rasseoir après être intervenu et j'ai entendu des coups de feu".

"(...)On s'est tous mis par terre et on a entendu la fusillade, on a essayé de ses protéger, de se mettre à l'abri, on a rampé vers une sortie de secours", a-t-il expliqué.

Des médias danois et des témoins ont évalué entre 20 et 40 le nombre de coups de feu tirés par une arme automatique. Les télévisions ont montré les impacts de balles sur les baies vitrées du centre culturel.

"Les gardiens criaient 'sortez tous!' et nous étions poussés hors de la salle", a raconté Helle Merete Brix, organisatrice du débat.

"LA FRANCE NE CEDE PAS", DIT VALLS

Selon des témoins, le ou les agresseurs ont tenté de pénétrer à l'intérieur de la salle mais les gardiens ont riposté. Lars Vilks, lui, était accompagné par ses gardes du corps suédois, ayant reçu des menaces de mort ces dernières années.

Cet artiste a suscité la controverse en 2007 par des dessins représentant le prophète Mahomet sous les traits d'un chien. Des menaces avaient été proférées par des groupes islamistes.

L'artiste a depuis reçu de nombreuses menaces de mort et vit sous protection policière constante depuis 2010. Il y a deux ans, une Américaine disant s'appeler Jihad Jane avait été condamnée à dix ans de prison pour avoir tenté de l'assassiner.

La France a condamné l'"attaque terroriste" de Copenhague et annoncé que le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendrait à Copenhague "dans les meilleurs délais".

"Une attaque terroriste a visé une réunion publique à Copenhague, à laquelle participait l'ambassadeur de France au Danemark", a déclaré le chef de la diplomatie Française, Laurent Fabius. "Je condamne avec la plus grande fermeté cet attentat."

De son côté, le chef de l'Etat, François Hollande, a déclaré qu'il avait exprimé la solidarité de la France à la Première ministre danoise.

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a estimé sur son compte Twitter que c'est la liberté qui avait été attaquée à Copenhague et a exprimé lui aussi sa solidarité avec les Danois.

"La France ne cède pas", ajoute-t-il dans ce message.

La France a elle-même été début janvier la cible d'attentats qui ont fait 17 morts, dont 12 lors de l'attaque de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a déclaré samedi soir condamner fermement "l'attentat contre la liberté d'expression" commis à Copenhague et a présenté ses condoléances à l'ensemble du peuple danois.

Un journal danois, Jyllands-Posten, avait publié en 2005 des caricatures de plusieurs dessinateurs représentant Mahomet, ce qui avait provoqué des émeutes dans le monde musulman, dans lesquelles au moins 50 personnes avaient trouvé la mort. Les caricaturistes avaient reçu des menaces de mort. (Niklas Pollard, Teis Jensen et Annabella Nielsen à Copenhague et Stockholm, Emmanuel Jarry et Michel Rose à Paris,; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)