PARIS, 2 avril (Reuters) - Les socialistes étaient mardi sous le choc après les aveux de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac qui a reconnu détenir un compte bancaire à l'étranger depuis environ 20 ans, ce qu'il niait depuis quatre mois.

L'opposition a réclamé des explications au chef de l'Etat et au Premier ministre qui ne pouvaient, selon elle, ignorer la vérité, et a épinglé la "République irréprochable" prônée par François Hollande.

Le chef de l'Etat, indique l'Elysée dans un communiqué, a pris acte "avec grande sévérité" des aveux de l'ancien ministre socialiste, qui a été mis mardi en examen pour blanchiment de fraude fiscale.

Voici les principales réactions à ses aveux :

FRANÇOIS HOLLANDE (communiqué de l'Elysée)

"Le président de la République prend acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges d'instruction concernant la détention d'un compte bancaire à l'étranger. C'est désormais à la Justice d'en tirer les conséquences en toute indépendance.

En niant l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, il a commis une impardonnable faute morale. Pour un responsable politique, deux vertus s'imposent : l'exemplarité et la vérité."

CLAUDE BARTOLONE (PS), président de l'Assemblée nationale (communiqué)

"Jérôme Cahuzac a reconnu sa culpabilité devant les juges. La parole prononcée dans l'hémicycle est sacrée. Au-delà de ma consternation et de ma colère, avoir menti devant la représentation nationale est impardonnable".

ARNAUD MONTEBOURG, ministre socialiste du Redressement productif (i>télé)

"Les bras m'en tombent. (...) Je le regrette tristement"

JEAN-FRANCOIS COPE, président de l'UMP (communiqué)

"Ce mensonge signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons. François Hollande nous annonçait une 'République exemplaire'. Quel crédit accorder désormais à son équipe gouvernementale ?".

CHRISTIAN JACOB, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale :

"C'est inqualifiable, il a menti sciemment et de manière effrontée à la représentation nationale. Nous avons tous été très dignes dans l'opposition, à l'UMP, nous lui avons posé une fois la question. M. Cahuzac le reconnaît lui même, on aurait espéré qu'il le reconnaisse avant et qu'il n'accepte pas les responsabilités qui ont été les siennes dans ces conditions. J'ai du mal a imaginer que le président de la République et le Premier ministre n'aient pas été au courant de cette situation. Je n'en sais pas plus".

CHARLES DE COURSON, député UDI de la Marne

"Si M. Cahuzac a effectivement reconnu cela, ça veut dire qu'il a menti au président de la République, à la représentation nationale et au peuple français et que ceci, hélas, va encore faire monter tous les extrémistes de ce pays qui disent 'tous pourris'."

JEAN-LUC MELENCHON, co-président du Parti de Gauche (RTL)

"Je suis comme tout le monde, sidéré. On a beaucoup discuté ces jours derniers de ce que voulait dire le mot salopard, eh bien voilà, un salopard c'est ça. Où s'arrête la chaîne des mensonges ? Ce n'est pas possible que personne n'ait rien su. C'est la question que n'importe qui va se poser maintenant."

OLIVIER DARTIGOLLES, porte-parole du PCF (communiqué)

"Pour avoir fraudé le fisc et, circonstance aggravante, avoir assumé ce mensonge en tant que ministre en charge de la lutte contre cette même fraude fiscale, Jérôme Cahuzac apporte une terrible contribution à la liste des affaires qui salissent et abîment si durement la politique et la République."

NICOLAS DUPONT-AIGNAN, président de Debout la République

"Celui que François Hollande avait nommé capitaine de la caserne de pompiers est en réalité un pyromane. Cette affaire démontre l'immoralité de certains dirigeants qui donnent à longueur de journée des leçons de morale qu'ils ne s'appliquent même pas à eux-mêmes. François Hollande, en tant que chef de l'État, doit s'expliquer sur cette affaire. Comment a-t-il pu laisser un homme coupable d'exil fiscal à la tête de Bercy ?"

LOUIS ALIOT, vice-président du FN (France Info)

"Je pense qu'il est temps de remettre de l'ordre en France, de redonner de la vertu à la politique et de redonner une honnêteté au système politique français et je ne pense pas (...) que ce soit la gauche, le parti socialiste, ou la droite, l'UMP-Sarkozy, qui pourront demain refaire un système politique digne de ce nom." (Service France, édité par Patrick Vignal)