PARIS, 29 janvier (Reuters) - La progression continue des prélèvements fiscaux et sociaux sur les entreprises depuis dix ans a contribué à réduire "de façon significative" l'emploi et leur capacité à investir, selon une étude du cabinet KPMG publiée mercredi.

Réalisée auprès d'un échantillon de près de 3.100 entreprises employant de 10 à 5.000 salariés, l'étude fait apparaître que l'excédent brut d'exploitation (EBE) a diminué sur la période de 3,6 points de pourcentage dans l'industrie et de 2,2 points dans les services, à respectivement 20,4% et 15,7% de la valeur ajoutée produite.

L'augmentation des prélèvements fiscaux et sociaux explique 80% de la baisse constatée dans l'industrie et 60% de celle des services, le solde (20% et 40%) provenant de l'augmentation des salaires versés, montre l'étude publiée le jour du lancement des assises de la fiscalité des entreprises.

Jacky Lintignat, directeur général de KPMG France, souligne dans un communiqué que "l'accroissement des prélèvements obligatoires, particulièrement après le retournement de conjoncture de 2008, a contribué à réduire les capacités d'investissements des entreprises".

Pour Elizabeth Ducottet, coprésidente de l'Association des entreprises de taille intermédiaire (ASMEP-ETI), "le constat est sans appel : les ETI sortent fragilisées par 10 années de hausse continue des prélèvements. Il y a urgence à stopper cette dynamique".

Dans l'industrie, les prélèvements fiscaux et sociaux par employé ont augmenté de 35% en près de 10 ans alors que la compétitivité (valeur ajoutée produite par salarié) n'a progressé parallèlement que de 25%. Depuis 2008, la hausse des prélèvements atteint 10% et celle de la productivité 3%.

Pour les services, les prélèvements par employé ont augmenté de 34% et la compétitivité de 27% sur cette même période. Sur les cinq dernières années, la hausse de ces prélèvements s'est intensifiée, représentant quatre fois celle de la compétitivité (12% contre 3%).

S'il a progressé entre 2003 et 2007, l'effectif moyen des entreprises industrielles a subi une forte baisse après le début de la crise.

"La pression externe alliée à la pression fiscale semble avoir amené les dirigeants à arbitrer en défaveur des hausses d'effectifs pour préserver leur capacité d'investissement, voire leur pérennité", souligne l'étude réalisée en partenariat avec l'ASMEP-ETI et Croissance Plus. (Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)