* Trois repreneurs pour reprendre la marque

* Environ 195 emplois sur 450 seraient maintenus

par Catherine Lagrange

LYON, 18 janvier (Reuters) - Le fabricant de lingerie féminine Lejaby a été attribué mercredi par le tribunal de commerce de Lyon, et pour l'euro symbolique, à l'ancien PDG de la marque de sous-vêtements italiens La Perla.

Alain Prost, qui est aussi l'ex-directeur général de Chantelle, s'est allié au sous-traitant de Lejaby en Tunisie et à Christian Brugnon, le fils du fondateur de la marque.

Il envisage de conserver 195 salariés sur les 450 que compte encore Lejaby et de fermer l'unité de production d'Yssingeaux (Haute-Loire), qui emploie près d'une centaine d'ouvrières, pour finir de délocaliser la fabrication dans le Maghreb.

Il a indiqué vouloir lancer "une nouvelle marque baptisée Lejaby-Luxe qui sera fabriquée en France, à Rillieux-la-Pape, par une quarantaine de personnes si le projet démarre bien".

Les nouveaux propriétaires de Lejaby ont également indiqué leur intention d'investir 7 millions en trois ans dans la relance de l'entreprise "en misant sur la création d'une nouvelle image, d'une nouvelle ligne de produits".

Un budget de 500.000 euros a été prévu pour l'accompagnement du plan social, afin d'"aider les salariés à se reconvertir", a expliqué Alain Prost, qui se dit "optimiste".

"On espère que ce projet sera viable", a déclaré Jeanine Caillot, déléguée CGT de l'entreprise. "Mais il y a beaucoup de pertes d'emplois et il va falloir maintenant gérer des situations douloureuses pour les salariés."

Elle a dénoncé la mauvaise gestion et le manque d'investissement du propriétaire précédent.

"Ce qui nous arrive aujourd'hui n'aurait jamais dû arriver", estime-t-elle. "On n'aurait jamais dû laisser se dégrader de façon aussi dramatique cette marque et son chiffre d'affaires."

BAISSE DU MARCHÉ EN FRANCE

Mardi, les employées du siège de Rillieux-la-Pape, rejointes par la centaine d'ouvrière du site d'Yssingeaux (Haute-Loire), qui ont occupé leur usine pendant la nuit, se sont symboliquement rassemblées Cour des Voraces, sur les pentes de la Croix-Rousse, haut lieu de la révolte des Canuts, les ouvriers de la soie, au XIXème siècle.

Cachées derrières des masques blancs, les salariées en sursis ont brandi une banderole "Palmers nous a tuées".

L'Autrichien Palmers, qui compte des actionnaires canadiens, a racheté Lejaby en 2008 au groupe américain Warnaco également propriétaire de Calvin Klein.

Lejaby, qui s'est lancé dans les délocalisations de sa fabrication en Afrique du Nord plus tardivement que ces concurrents, a déjà engagé deux plans sociaux.

Le premier a eu lieu en 2003 avec 225 licenciements à la clé. Le second, en 2009, a porté sur 185 emplois.

Trois sites de production français avait alors été fermés, à Bourg-en-Bresse et Bellegarde dans l'Ain, au Teil en Ardèche, ne sauvegardant que le siège de Rillieux-la-pape et le site de production d'Yssingeaux.

Lejaby n'assurait plus que 10% de sa production en France. Lejaby produit, en dehors de sa propre nom, plusieurs grandes marques de lingerie telles que Rasurel, Nina Ricci et Elixir.

Le tribunal de commerce de Lyon avait placé Lejaby, qui a perdu 2,7 millions d'euros au dernier exercice, en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois.

La dégradation de la consommation n'a pas épargné le marché de la lingerie en France, qui reste cependant le plus dynamique d'Europe. (voir )

Après une embellie en 2010, le marché français est reparti à la baisse en 2011, accusant un repli de 1,5% pour totaliser 2,6 milliards d'euros, selon les chiffres provisoires diffusés la semaine dernière par l'Institut français de la mode (IFM). (Edité par Yves Clarisse)