* La candidate de l'UMP battue au second tour

* Le FN avait déjà réalisé de bons scores à Brignoles en 2011 et 2012

* Eliminée au 1er tour, la gauche avait appelé à un "front républicain" (Actualisé avec Marine Le Pen, François Fillon, précisions)

PARIS, 13 octobre (Reuters) - Le Front national a remporté dimanche l'élection cantonale partielle de Brignoles (Var) face à l'UMP, malgré l'appel au "front républicain" lancé par la gauche et la hausse du taux de participation entre les deux tours.

Le candidat FN Laurent Lopez a recueilli 53,9% (5.031 voix), devant son adversaire UMP Catherine Delzers, 46,1% (4.301 voix) dans ce canton où le parti d'extrême-droite a réalisé ces dernières années de bons scores, selon les résultats définitifs annoncés par la préfecture du Var.

"C'est toujours une divine surprise, j'envisageais bien sûr une défaite", a dit Laurent Lopez à la presse. "Je suis très heureux d'autant que cette victoire vient sur un score sans ambiguïté avec une participation record qui démontre bien que le FN est un parti fédérateur, d'adhésion."

Le taux de participation a atteint 47,47% contre 33,4% dimanche dernier, un premier tour marqué par l'élimination d'une gauche divisée.

"C'est une belle victoire parce qu'elle est enregistrée alors que nous sommes face à une très forte mobilisation, donc c'est une double victoire en quelque sorte", a estimé Marine Le Pen dans Le Grand Jury sur RTL/LCI/Le Figaro. "C'est un virage. C'est la confirmation de la mort du front républicain, tous ensemble, PS, PC, UMP, Verts, UDI, Modem, etc.".

Les électeurs du canton, situé dans un département traditionnellement favorable à l'extrême droite, étaient appelés à voter pour la troisième fois en trois ans après deux scrutins annulés successivement.

En mars 2011, l'élection avait déjà été remportée par un candidat du Front national avec 4.407 voix, avant d'être invalidée par le Conseil d'Etat. L'élection suivante en 2012 avait été remportée par le candidat du Parti communiste, Claude Gilardo, face au FN dont le candidat avait recueilli 4.180 voix. Ce scrutin avait lui aussi été invalidé.

"CRI DE COLÈRE"

"Brignoles n'est pas la France, Brignoles a déjà élu un conseiller général FN en 2011", a réagi sur i>télé Roger Karoutchi, secrétaire national de l'UMP et sénateur des Hauts-de-Seine. "En revanche, il faut que chacun se pose la vraie question. Ce soir, on a la preuve que le système front républicain des appels des partis ne fonctionne pas."

"Ce soir, on a des abstentionnistes qui sont venus voter au second tour pour le FN, une partie des électeurs socialistes qui ont voté pour le FN pour le deuxième tour", a-t-il ajouté.

Pour l'ancien Premier ministre UMP François Fillon, le résultat de dimanche marque avant tout "la défaite de la gauche."

"Le 'rêve français' que François Hollande promettait de réenchanter sombre dans la radicalisation", écrit-il dans un communiqué. "A Brignoles, comme à chaque scrutin depuis l'élection de M. Hollande, l'effondrement électoral de la gauche sanctionne d'abord l'échec de la politique conduite."

François Fillon, qui avait provoqué une polémique en septembre en renvoyant dos à dos PS et FN avant d'atténuer son discours, a estimé que le cas de Brignoles démontrait "l'échec de la stratégie dite de 'front républicain'".

Le vice-président de l'UMP, Guillaume Peltier, évoque lui "un cri d'alarme, un cri de colère très fort" des électeurs de Brignoles qui "veulent une droite qui s'assume, une droite forte, une droite courageuse, face à une gauche qui abîme tant la France", a-t-il dit sur i>télé.

Au PS, on insiste sur la nécessité de rassembler la gauche à cinq mois des élections municipales et après un premier tour à Brignoles marqué par la présence de deux candidats de gauche, un PCF et un Europe-Ecologie-Les-Verts.

"C'est la division de la gauche qui a été fatale", a estimé sur LCI le porte-parole du PS, Eduardo Rihan-Cypel. "Ça doit servir de leçon très sévère à l'ensemble de la gauche. Je lance cet appel à tous les électeurs de gauche, aux gens qui veulent voir le président de la République réussir."

"On ne peut pas rester dans la résignation qui conduit à cet affrontement de second tour UMP-FN, où on laisse les amis de l'extrême droite française de Mme Le Pen gagner", a-t-il ajouté. (Marine Pennetier, avec Jean-François Rosnoblet et Sybille de La Hamaide, édité par Guy Kerivel)