* Un groupe clandestin menace en pleine visite de Valls

* Le ministre de l'Intérieur réaffirme sa détermination (Actualisé avec Valls)

AJACCIO, 4 juin (Reuters) - Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a menacé mardi de reprendre les armes mais le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, en déplacement dans l'île, a dit refuser tout diktat sous la menace des bombes.

Dans un communiqué transmis à un organe de presse, l'organisation - qui est l'une des deux branches rivales du FLNC - dénonce "l'attitude ultra jacobine de la France".

"Soit l'Etat français prend la mesure de l'effet désastreux de sa gestion de la Corse depuis deux siècles et demi et il en tire toutes les conséquences, soit il poursuit son rôle actif dans la destruction de notre peuple", écrit le FLNC.

"Dans ce cas, comme aux premiers jours de la lutte de Libération nationale, nous reprendrons les armes pour que la France reconnaisse nos droits nationaux", ajoute-t-il.

Lundi, Manuel Valls a rejeté l'officialisation de la langue corse aux côtés du français, une mesure souhaitée par l'Assemblée de Corse le 17 mai.

Selon des sources policières, ce groupe clandestin, qui jette l'opprobre dans son texte sur la classe politique corse, est proche de la mouvance dite du 22 octobre, jugée plus altermondialiste.

Il a été créé en juillet 2012 et n'a revendiqué jusqu'à présent aucun attentat, contrairement au FLNC Union des combattants qui a revendiqué en 2012 des attentats contre la grande distribution et des résidences secondaires.

Les enquêteurs en veulent notamment pour preuve une référence au sous-commandant Marcos, qui fut le porte-parole de l'Armée zapatiste de libération nationale au Mexique.

QUINZE PERSONNALITES SOUS PROTECTION

"Il n'y aura jamais de négociations sous le diktat des menaces et des bombes, surtout quand souvent, ceux qui menacent, sont aussi liés à des intérêts économiques", a réagi le ministre de l'Intérieur devant la presse.

"Il y en a qui ont peur, et ils ont raison d'avoir peur, de la détermination qui est la nôtre à défendre nos valeurs, celles de la République et à oeuvrer pour la Corse", a-t-il ajouté.

Manuel Valls effectue depuis lundi une visite sous tension en Corse, où les élus n'ont pas apprécié des récents propos sur la violence "enracinée dans la culture corse" et sur "l'omerta" qui régnerait dans l'île.

Les élus nationalistes ont ainsi refusé de rencontrer le ministre.

Mardi, il s'en est à nouveau pris à la "mafia" qui sévit en Corse. "Etre maire en Corse, c'est plus difficile qu'ailleurs", a-t-il dit aux journalistes, affirmant qu'ils subissent "des pressions mafieuses".

Le ministre a précisé que quinze personnalités bénéficiaient actuellement d'une protection policière.

"L'Etat doit protéger, mais c'est aussi le combat d'une population qui est la première victime de cette violence", a-t-il insisté.

Sur le plan économique, Manuel Valls a signé la troisième tranche du plan exceptionnel d'investissement, soit 537 millions d'euros hérités des accords de Matignon afin de rattraper le retard structurel en matière d'équipements.

Il précisé que ces fonds "feraient l'objet d'un contrôle en amont, à la demande du président de l'exécutif corse, Paul Giacobbi. (Roger Nicoli, édité par Gérard Bon)