* Le gouvernement met l'accent sur les voies "accidentogènes"

* Quelque 400.000 km de routes concernés à partir de juillet

* L'objectif est de sauver "350 à 400 vies" par an

* L'usage du portable au volant plus sévèrement réprimé (Actualisé avec annonce des mesures gouvernementales)

PARIS, 9 janvier (Reuters) - Le gouvernement a annoncé mardi la baisse de la vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens à compter de juillet prochain afin de lutter contre la mortalité routière, de nouveau en hausse en France depuis 2014.

L'usage du téléphone portable au volant sera également plus sévèrement sanctionné : les forces de l'ordre pourront désormais retirer le permis d'un automobiliste si l'utilisation du téléphone se double d'une infraction, comme l'oubli du clignotant au moment de tourner par exemple.

Assumant la "grogne" que susciteront ces mesures - elles sont au nombre de 18 -, Edouard Philippe a souligné au terme d'un comité interministériel de la sécurité routière que seules des initiatives "de rupture" permettaient une "diminution réelle du nombre de morts".

Après douze années de baisse continue, la mortalité routière augmente depuis 2014 en France (3.477 morts en 2016) avec la vitesse pour première cause (31%), suivie de l'alcool (19%) et des stupéfiants (9%). En 2016, les routes à deux voies non séparées par un muret ont été le théâtre de 55% des accidents mortels, soit 1.911 tués.

Le gouvernement estime que "350 à 400 vies" pourront être sauvées par an grâce à la réduction de 10 km/h de la vitesse sur ces routes, environ 400.000 km, en dehors des routes à deux fois deux voies et des routes à trois voies.

Une clause de rendez-vous est instaurée au 1er juillet 2020. Si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, "nous prendrons nos responsabilités", a déclaré le Premier ministre.

La droite et l'extrême droite contestent cette mesure, qui pénalisera selon elles les classes moyennes et les habitants de zones rurales.

ÉTHYLOTEST ANTI-DÉMARRAGE

"Je n'ignore pas la grogne que ces mesures pourront susciter chez certains automobilistes", mais "je crois profondément que nous pouvons changer le cours des choses", a plaidé Edouard Philippe.

L'Etat créera début 2019 un fonds d’investissement pour la prise en charge des accidentés de la route avec le surplus de recettes engendré par l'abaissement des vitesses maximales, a-t-il précisé. Le coût des changements de panneaux sur les routes secondaires sera financé par l'Etat.

L'usage du téléphone portable au volant est en cause dans un accident corporel sur dix et il est établi qu'un conducteur qui téléphone enregistre entre 30% et 50% d'informations en moins.

Lire un message au volant, a dit Edouard Philippe, c'est cinq secondes d'inattention, 70 mètres parcourus à 50 km/h, 110 mètres à 80 km/h.

A compter de 2019, les forces de l'ordre pourront retirer son permis à un conducteur tenant en main son portable au volant s'il "commet en même temps une infraction menaçant la sécurité d'autrui".

Contre l'alcool au volant - 1.009 personnes ont été tuées en 2016 dans un accident impliquant un conducteur alcoolisé -, qui concerne plus particulièrement les hommes de 18 à 35 ans, l'auto-évaluation sera renforcée et l'usage de l'éthylotest anti-démarrage sera obligatoire dès cette année en cas de récidive d'infraction de conduite en état alcoolique.

Près de six Français (59%) sur dix se déclarent opposés au projet gouvernemental, selon un sondage Harris Interactive pour RMC et le site Atlantico publié mardi. (Sophie Louet avec Simon Carraud et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)