* Edouard Philippe va en dévoiler les modalités

* Macron attendu dans l'Eure mardi, le Lot vendredi

* Scepticisme et critiques avant le débat

PARIS, 14 janvier (Reuters) - Edouard Philippe dévoile ce lundi les modalités du "grand débat national" organisé en réponse au mouvement des "Gilets jaunes", un exercice qui, à la veille de son coup d'envoi, peine toujours à convaincre opposition et manifestants en raison des lignes rouges fixées par l'exécutif, notamment en matière fiscale.

Le Premier ministre devrait notamment préciser le pilotage de cette grande concertation après la décision de la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) Chantal Jouanno de ne plus chapeauter le débat, à la suite d'une polémique sur son salaire.

Malmené dans les sondages, l'exécutif mise sur ce débat, dont le coup d'envoi sera donné mardi dans l'Eure par Emmanuel Macron, pour éteindre l'incendie allumé à l'automne notamment par l'annonce de la hausse de la taxe carbone - abandonnée depuis - et reprendre la main avant les élections européennes du 26 mai.

La tâche s'annonce délicate. La marge de manoeuvre budgétaire du chef de l'Etat, qui a déjà annoncé le 10 décembre une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à 10 milliards d'euros, est étroite et la mobilisation des "Gilets jaunes" est repartie, ce samedi, à la hausse.

Face aux doutes exprimés sur la sincérité du débat et sur la prise en compte, à son issue, des revendications et des positions exprimées, l'exécutif a assuré que la concertation serait suivie d'effets, sans parvenir à convaincre opposition et manifestants qui y voient une "manoeuvre politique".

Dans leur collimateur, les lignes rouges fixées par le chef de l'Etat et le Premier ministre qui ont exclu tout "détricotage" de la politique menée depuis le début du quinquennat, notamment en matière fiscale.

"UNE GRANDE DIVERSION"

"Je n'ai pas oublié que j'ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle", a réaffirmé Emmanuel Macron dans sa "lettre aux Français" diffusée dimanche soir. "Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (...) afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage."

"Elles viennent d'être votées et commencent à peine à livrer leurs effets. Le Parlement les évaluera de manière transparente et avec le recul indispensable", a-t-il ajouté, sans citer explicitement l'impôt sur la fortune (ISF) dont les "Gilets jaunes" réclament le rétablissement.

Pour Benjamin Cauchy, porte-parole des "Gilets jaunes libres", l'issue du débat "est déjà connue. Circulez y a rien à voir nous dit Emmanuel Macron. Quel manque de respect".

"Le grand débat ? Une grande diversion", a tancé de son côté le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dimanche soir sur Twitter. "On refait le débat de la présidentielle mais le gouvernement fixe les conclusions".

Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info publié la semaine dernière, 81% des Français ont entendu parler du débat, mais 77% estiment qu'il ne sera pas mené "de façon indépendante du pouvoir" et 70% s'attendent à ce qu'il ne soit pas utile pour le pays. (Marine Pennetier, édité par Julie Carriat)