* Mille emplois sont préservés, dit la direction

* Les syndicats déplorent un "immense gâchis"

* L'Etat se dit mobilisé pour la reconversion des salariés (Actualisé avec réaction gouvernement)

RENNES, 11 octobre (Reuters) - Les syndicats s'élèvent contre la suppression immédiate de 889 emplois dans les abattoirs de porcs bretons GAD SAS dans le cadre du plan de continuation de l'entreprise qui a été accepté vendredi par le tribunal de commerce de Rennes.

Ce plan prévoit les fermetures du siège de Saint-Martin des Champs dans le Finistère et de ses 50 emplois, du site de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique (67 salariés) et de l'abattoir de Lampaul-Guimillau, dans le Finistère, qui emploie 850 personnes, une centaine de départs étant différés jusqu'en 2014.

Toutefois, 343 salariés pourraient être reclassés dans l'abattoir de Josselin, dans le Morbihan, qui comptait déjà 650 postes et dont l'activité va être renforcée.

Le gouvernement a affirmé dans la soirée être totalement mobilisé pour tenter d'atténuer les conséquences du plan, notamment en favorisant la recherche d'emploi ou la reconversion des salariés.

Il mobilisera ainsi le contrat de sécurisation professionnelle pour l'ensemble des salariés licenciés.

"Ce dispositif permettra un quasi-maintien du salaire net des anciens salariés de GAD pendant 12 mois et un accès facilité à la formation", indiquent Stéphane Le Foll et Michel Sapin, ministres de l'Agriculture et du Travail dans un communiqué.

"L'enjeu était d'éviter la liquidation judiciaire et la fermeture totale des sites. On ne peut que déplorer la fermeture des sites de Lampaul-Guimillau et de Saint-Nazaire, mais mille emplois sont préservés", a déclaré pour sa part Me Laurent Jourdan, avocat de la direction de GAD SAS, après l'annonce de la décision du tribunal de commerce.

Depuis jeudi, les salariés du site de Lampaul-Guimillau bloquent cet établissement où sont enfermés quelque 1.600 porcs pour obtenir de meilleures primes de départ, celles-ci s'élevant à moins de 5.000 euros pour 20 ans d'ancienneté.

Ils ont formé une chaîne humaine et observé une minute de silence à l'annonce de la décision du tribunal.

Placé en redressement judiciaire en février dernier, GAD SAS, filiale du groupe coopératif CECAB, avait enregistré depuis quatre ans d'importantes pertes financières dues notamment à une baisse d'activité liée à la concurrence des abattoirs allemands et à une diminution du nombre de porcs produits en Bretagne.

"UN VÉRITABLE GÂCHIS"

"C'est un véritable gâchis dû à la mauvaise gestion du groupe Cecab et à leur manque d'anticipation. Avant la fusion, il y a quatre ans, les sites de Saint-Nazaire et de Lampaul gagnaient de l'argent et l'abattoir Cecab de Josselin en perdait, mais c'est quand même nous qui disparaissons", a déploré Pierre-Luc Lamy, délégué FO à Saint-Nazaire.

Selon Olivier Le Bras, délégué FO à Lampaul-Guimillau, la décision de sacrifier le site finistérien plutôt que l'abattoir de Josselin est avant tout "politique", beaucoup d'éleveurs liés à GAD, situés dans le Finistère, devant désormais livrer leurs cochons dans le Morbihan.

"Pour la région de Lampaul, c'est une catastrophe, il y a environ 80 couples qui travaillaient dans cet abattoir, ce sont des familles entières qui vont subir sa fermeture. Et comment se reformer quand on a 40 ou 45 ans et pas d'autre qualification ?", demande Chantal Guittet, député socialiste de la circonscription.

Dans une région déjà frappée par les difficultés du groupe volailler Doux et de la filière agro-alimentaire dans son ensemble, beaucoup craignent des conséquences en chaîne sur la sous-traitance et le commerce local.

Vendredi, l'ensemble des magasins de Lampaul-Guimillau et des communes environnantes ont fermé leurs portes en signe de solidarité et une partie de la population s'est rassemblée avec les élus sur le site de l'abattoir.

"Aujourd'hui, Lampaul et toutes les communes de la communauté sont des villes mortes", a dit à Reuters Jean-Marc Puchois, maire de Lampaul.

Le déficit de Gad SAS, qui s'élevait à 108 millions d'euros, a été ramené dans le cadre du plan de continuation à 20 millions d'euros après l'abandon de nombreuses créances, notamment des banques et des pouvoirs publics. (Pierre-Henri Allain, édité par Yves Clarisse)