Le groupe basé à Turin a annoncé mercredi la création d'une société holding, Fiat Chrysler Automobiles (FCA), qui sera enregistrée aux Pays-Bas, mais fiscalement domiciliée en Grande-Bretagne, avec New York pour principale place de cotation.

Fiat a précisé que l'internationalisation du groupe, sujet politiquement sensible en Italie, n'aurait aucun impact sur les effectifs, ni en Italie, ni ailleurs. Un engagement qui semble pris au sérieux par le président du Conseil italien, Enrico Letta.

"La question du siège social est absolument secondaire. Ce qui compte ce sont les emplois et le nombre de voitures vendues", a dit le chef du gouvernement à la presse à Bruxelles après une rencontre avec le président de la Commission, José Manuel Barroso.

Cinq ans après avoir participé au sauvetage de Chrysler, Fiat a fait de ses activités américaines l'un de ses principaux centres de profit, compensant le ralentissement persistant de la demande en Europe.

L'Amérique latine a également pris une place importante. Mais Fiat a annoncé mercredi que son bénéfice courant dans la région avait chuté de 80% au dernier trimestre 2013 en raison la fin de mesures d'incitation gouvernementales à l'achat de voitures et d'un effet de change négatif.

Conséquence de ces mauvaises performances : les résultats trimestriels de l'ensemble du groupe sont en-dessous des attentes des analystes et Fiat a dû revoir en baisse ses prévisions 2014.

Le constructeur italien a fait état d'un bénéfice avant intérêts, impôts et éléments exceptionnels ("trading profit") de 931 millions d'euros au quatrième trimestre, à comparer à un résultat retraité de 887 millions un an plus tôt, alors que les analystes attendaient en moyenne 1,15 milliard.

NOUVEAU DOMICILE CONJUGAL

Pour l'année en cours, il anticipe désormais un bénéfice d'exploitation compris entre 3,6 et 4,0 milliards d'euros, alors qu'en octobre 2012, il avait évoqué une fourchette de 4,7-5,2 milliards. Le consensus des analystes était de 4,15 milliards.

En fin de séance à la Bourse de Milan, l'action du constructeur perdait 4,11% à 7,2350 euros, l'une des plus fortes baisses de l'EuroFirst 300.

"Ces résultats sont décevants et inférieurs aux attentes. Mais Fiat est une histoire de restructuration, il lui faut du temps", commente Gabriele Roghi, responsable des investissements chez Invest Banca à Milan.

Fiat a décidé en outre de passer le dividende pour préserver ses liquidités.

Le groupe explique que son changement de domiciliation fiscale n'affectera pas les impôts qu'il paie dans les pays où il est présent. Il ajoute que le choix de Wall Street comme principale place de cotation vise à bénéficier d'une liquidité accrue.

Si les analystes financiers ont salué le principe même de la montée à 100% dans Chrysler, financée par une augmentation de capital et, au final, moins coûteuse qu'estimé initialement, certains restent sceptiques face à l'endettement du groupe et à la capacité de l'administrateur délégué, Sergio Marchionne, à redresser la branche italienne.

La prévision d'endettement net du groupe pour 2014 (entre 9,8 et 10,3 milliards d'euros) est inférieure aux estimations du marché mais Fiat risque de devoir emprunter encore pour financer le plan d'investissement triennal qu'il doit dévoiler en mai.

Le ralentissement en Amérique latine demeure toutefois le principal motif de préoccupation des investisseurs, d'autant que le Brésil représente à lui seul 20% environ des profits de Fiat.

Pour les anaystes de Citi, "la question clé est de savoir si ce recul est désormais structurel", écrivent-ils dans une note.

En Europe, le groupe a réussi à réduire ses pertes fin 2013, grâce entre autres aux performances meilleures qu'attendu de ses marques de luxe, notamment Maserati.

Quant à Chrysler, il a vu son bénéfice net bondir de 329% au quatrième trimestre à 1,62 milliard de dollars (1,19 milliard d'euros), un résultat qui inclut toutefois un crédit d'impôt de 962 millions.

Avec Stephen Jewkes et Isla Binnie à Milan,; Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand

par Agnieszka Flak et Bernie Woodall