Elles visent à maintenir des taux courts très bas et à empêcher ou à enrayer une montée des taux longs dans des marchés d'autant plus nerveux qu'ils se sont habitués à une liquidité mondiale surabondante.

Selon des professionnels, les craintes entourant en début de semaine la stratégie de sortie de l'assouplissement quantitatif (quantitative easing) par la Fed ont conduit celle-ci à diffuser avec une journée d'avance l'allocution que Janet Yellen, désignée pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la banque centrale, a prononcé jeudi devant la commission d'investiture du Sénat.

Janet Yellen a défendu les mesures exceptionnelles de la Fed et signifié qu'elle n'avait pas l'intention d'appuyer sur le frein du QE dans un avenir proche, compte tenu de la faiblesse de la croissance, de l'emploi et de l'inflation.

A la BCE, qui a abaissé de 25 points de base à 0,25% son principal taux directeur la semaine dernière, le débat sur un éventuel QE est ouvert.

"DETERMINATION"

"Les banques centrales du G4 (Etats-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon) sont soit en train d'envisager un assouplissement supplémentaire (BCE, BoJ) soit de vouloir combattre un marché devenu faucon", écrivent Vincent Chaigneau et Adam Kurpiel, stratégistes taux à la Société générale dans leur note hebdomadaire.

Selon eux, "la Fed va reformuler sa "forward guidance" (indications prospectives de politique monétaire, ndlr) - dans un sens plus accommodant - quand elle commencera à réduire ses achats d'actifs" (tapering) l'année prochaine.

"Cela va écraser les volatilités (...) De fait, une telle détermination des banques centrales nous incitent à écarter des scénarios extrêmement baissiers pour l'instant" sur l'obligataire, ajoutent-ils.

Les stratégistes taux de BNP Paribas soulignent eux aussi l'influence déterminante des "forward guidances" sur les marchés.

"La BoE (Bank of England), la Fed et la BCE sont considérées comme attachées à des degrés divers aux forward guidances alors que leurs économies sont à des stades différents du cycle économique", soulignent-ils dans une note.

Les analystes expliquent en substance que la Fed est déterminée à empêcher que les hausses des taux longs qui ont accompagné l'éventualité d'un début de réduction du QE ne débordent sur la politique des taux directeurs.

SOUTIEN AUX ACTIFS RISQUES

"Nous nous attendons à ce que Janet Yellen continue la communication de "forward guidance en orientant la discussion plutôt du côté de l'inflation comme elle l'a déjà laissé envisager dans son discours de confirmation", écrivent les stratégistes de BNP Paribas.

Janet Yellen a souligné que l'inflation aux Etats-Unis était nettement en dessous de la cible de 2% de la Fed. En zone euro, l'inflation est tombée à 0,7% en rythme annuel au mois d'octobre, loin de l'objectif de 2% également visé par la BCE.

Ces politiques continueront à profiter aux actifs risqués, actions, obligations privées et aux emprunts des Etats périphériques de la zone euro.

Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets, commentant le discours de Janet Yellen, estime que les conditions sont ainsi réunies pour que "les marchés boursiers concluent l'année sur les chapeaux de roue".

"L'exceptionnel environnement d'expansion monétaire sera donc maintenu dans les prochains mois, les investisseurs boursiers ne peuvent que s'en réjouir", dit-il.

Le taux à 10 ans américain est passé de 2,6% vendredi dernier à 2,77% mardi pour retomber sous 2,7% après le discours de Yellen. Quant au Bund allemand à 10 ans, référence de la zone euro, il est passé dans le même temps de 1,69% à 1,75% pour se détendre ensuite à 1,7%.

Raoul Sachs, édité par Marc Joanny

par Raoul Sachs