* Un discours consacré essentiellement à Macron

* L'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan mise en scène

* Discrétion sur le projet d'abandonner la monnaie unique

par Simon Carraud

VILLEPINTE, Seine-Saint-Denis, 1er mai (Reuters) - Marine Le Pen s'est livrée lundi à une longue et virulente charge contre Emmanuel Macron, "winner autoproclamé", qu'elle a sommé de dévoiler le nom de son possible futur Premier ministre lors de son dernier grand meeting avant le second tour de la présidentielle.

Ce rendez-vous, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), a également permis à la candidate du Front national de mettre en scène l'alliance scellée vendredi dernier avec le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, invité à prendre la parole en ouverture sous les acclamations de plusieurs milliers de personnes.

Elle n'a en revanche parlé de sa volonté d'abandonner la monnaie unique européenne que par allusion, dans un bref passage consacré au "retour (des) souverainetés" qu'elle négocierait avec Bruxelles si elle devait être élue dimanche prochain.

Ce projet, au coeur de son programme économique, a récemment fait l'objet d'interprétations diverses dans les rangs du FN, Marion Maréchal-Le Pen laissant entendre que le processus de retour au franc pourrait s'étaler sur "plusieurs années".

Sur Europe 1, Marine Le Pen a redit son ambition d'enterrer l'euro monnaie unique, une mesure qu'elle sait impopulaire, au terme de tractations de six, huit ou dix mois.

A Villepinte, la présidente en congé du parti d'extrême droite a préféré fustiger son adversaire, décrit comme un "banquier", "winner autoproclamé", candidat d'"En marche ou crève" et "fêtard de la Rotonde" - du nom de la brasserie où Emmanuel Macron a passé une partie de la soirée du premier tour.

Par opposition, elle s'est présentée en "candidate de la France qui se lève tôt" et qui "protège".

"TRAÎTRES"

"Cette élection met en jeu bien plus que des projets, autre chose que des catalogues de mesures, autre chose qu'un alignement de chiffres, il oppose deux visions du monde, deux philosophies et, je le crois, deux personnalités différentes", a-t-elle jugé à la tribune.

"Je lui demande (...) de dire à quelle sauce il veut manger les Français. Qui sera son Premier ministre ? Combien de députés socialistes sortants seront investis par son mouvement aux législatives ?", a encore déclaré Marine Le Pen.

L'eurodéputée, que les sondages donnent systématiquement battue avec environ 20 points de retard, a promis la semaine dernière Matignon à son nouvel allié, Nicolas Dupont-Aignan, avec qui elle a noué une "alliance patriote et républicaine".

Le président de Debout la France a pris la parole pendant un quart d'heure pour justifier son choix, donner du "Marine" à son ancienne concurrente et vitupérer contre les dirigeants des Républicains, accusés d'avoir agi en "traîtres" pour s'être "couchés" devant Emmanuel Macron.

La foule - 25.000 personnes d'après le FN - lui a répondu en acclamant le député de l'Essonne par son prénom, "Nicolas".

Durant le meeting, Marine Le Pen n'a pas fait mention de Jeanne d'Arc, l'égérie des dirigeants frontistes célébrée pendant plus de 40 ans à l'occasion de défilés, chaque 1er mai, mais désormais laissée à Jean-Marie Le Pen.

Le fondateur réprouvé du parti, que Marine Le Pen a fait exclure en 2015 pour ses déclarations controversées sur la Deuxième Guerre mondiale, a poursuivi cette tradition frontiste avec ses propres fidèles.

L'état-major du FN a seulement déposé, dans la matinée, une gerbe de fleurs au pied d'une statue de Jeanne d'Arc, à Paris. (Edité par Sophie Louet)