Une nouvelle semaine et un nouveau plan de relance chinois. C'est un peu l'impression que nous avons tant les autorités chinoises ont multiplié les annonces ces derniers mois. La Chine a en effet annoncé dimanche un "plan d'action spécial" pour stimuler la consommation intérieure.
Après plusieurs années de ralentissement de la croissance, plombée notamment par une crise immobilière, le gouvernement chinois essaye toujours de relancer son économie. De plus, il doit désormais faire face à la nouvelle guerre commerciale lancée par l'administration Trump. Les droits de douane sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis ont ainsi été portés à 20%.
L'objectif de ce nouveau plan de relance est de raviver la confiance des consommateurs et d'enrayer la spirale déflationniste. Ces annonces s'inscrivent dans la lignée d'une évolution dans le discours. En fin d'année dernière, le Président Xi Jinping appelait le gouvernement à "développer la demande domestique dans toutes les directions". Une priorité accordée à la consommation également réitérée la semaine dernière, lors de la réunion dite des Deux Sessions.
Pivot vers la consommation domestique
Bien que les détails de ce plan de relance doivent encore être révélés, il se décline en trois axes : augmenter les revenus, stabiliser le marché immobilier et les marchés actions, et améliorer les services médicaux et de retraites.
D'abord, l'augmentation des revenus doit être permise par une augmentation des salaires. C'est un levier assez évident pour relancer la consommation. Ensuite, la stabilisation des marchés actions et immobiliers est importante car la chute de ces marchés ces dernières années avait plombé le moral des chinois. C'était aussi un effet richesse négatif (le patrimoine des chinois a diminué), qui a affecté la consommation. Enfin, les mesures qui visent à développer le système social sont utiles parce qu'elles permettent de réduire les besoins d'épargne des chinois. Or, le taux d'épargne en Chine est structurellement élevé car le modèle social est peu développé, obligeant les Chinois à épargner plus pour leurs dépenses de santé et de retraites.
Source : JPMorgan Asset Management
Depuis de nombreuses années, la plupart des économistes s'accordent sur le fait que le principal enjeu pour l'économie chinoise est de basculer vers un modèle davantage tiré par la consommation intérieure, alors que la croissance chinoise a été jusqu'ici essentiellement tirée par l'export. En effet, les autorités ont toujours privilégié des politiques d'offre, dans le but de développer l'industrie manufacturière. Culturellement, le Parti communiste Chinois a toujours voulu éviter un modèle social "à l'européenne", estimant que les revenus des Chinois devaient essentiellement provenir de leur travail. D'où des politiques davantage orientées sur l'offre que sur la demande.
Le réveil des actions chinoises
Le narratif sur la Chine, lui, a déjà bien basculé. L'arrivée de Deepseek mi-janvier a démontré que la Chine était belle et bien dans la course à l'IA. Depuis, toutes les grandes entreprises chinoises multiplient les annonces sur le sujet et le gouvernement pousse pour déployer ces solutions dans l'ensemble de l'économie.
C'est donc un retour sur le devant de la scène pour la tech chinoise, après plusieurs années de répression réglementaire du secteur. Un comeback symbolisé par la réapparition en publique de Jack Ma, patron d'Alibaba. Pour rappel, celui-ci avait disparu pendant plusieurs mois fin 2020, suite à des commentaires assez critiques envers les régulateurs chinois. Depuis, il s'était fait assez discret. Jusqu'à cette poignée de mains avec le président Xi Jinping, lors d'une réunion organisée avec les principaux dirigeants de la tech, le 17 février.
Tout cela se traduit dans les indices chinois. Portés par les valeurs de la tech, ces derniers ont fortement rebondi depuis quelques semaines, et surperforment largement les indices américains depuis le début de l'année. Mais cette surperformance est à relativiser car le S&P 500 a signé son dernier plus haut mi-février tandis que le MSCI China est toujours à -40% par rapport à son point haut de février 2021.
Au-delà des valeurs tech, dont la décote était importante, la poursuite du rallye sur les actions chinoises dépendra de la bonne tenue de l'économie chinoise. Il faudra donc voir comment se traduira ce dernier plan de relance et donc la capacité des autorités chinoises à recréer de la confiance pour stimuler la consommation des ménages.