* Le gouvernement a révisé à la baisse ses prévisions économiques

* Le déficit 2013 désormais attendu à 6,3%

* Le retour sous 3% repoussé à 2016

* Bruxelles laisse espérer un délai supplémentaire

* Madrid promet des réformes mais reste vague (avec précisions, citations)

par Julien Toyer et Paul Day

MADRID, 26 avril (Reuters) - Le gouvernement espagnol a reconnu vendredi que la récession économique serait encore plus sévère que prévu cette année et que la réduction des déficits lui prendrait plus de temps qu'annoncé, un délai supplémentaire que la Commission européenne semble disposée à lui accorder.

Madrid anticipe désormais une contraction de 1,3% du produit intérieur brut (PIB) cette année au lieu de -0,5% jusqu'à présent, et a revu à la hausse sa prévision de déficit, à 6,3% contre 4,5%.

Cela signifie qu'après un déficit de 7,1% du PIB en 2012 (en excluant les fonds publics investis dans les banques),l'Etat devra trouver 10 milliards d'euros cette année pour atteindre son objectif.

Le retour à la croissance devrait s'amorcer en 2014 avec une hausse de 0,5% du PIB et se confirmer en 2015 à 0,9%, a précisé la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.

Le gouvernement estime désormais qu'il lui faudra jusqu'en 2016 pour ramener le déficit sous le plafond de 3% fixé par les règles européennes, soit deux ans de plus que prévu initialement.

La Commission européenne a laissé entendre dès vendredi qu'elle pourrait accorder à Madrid le temps nécessaire pour réduire son déficit.

"Le report de la correction du déficit excessif à 2016 est cohérent avec l'analyse technique actuelle", a dit l'exécutif communautaire dans un communiqué.

La Commission doit rendre sa décision définitive le 29 mai.

RÉFORME DES RETRAITES

"Ce que nous avons réalisé en 2012 fait que nous ne pouvons pas demander de nouveaux efforts importants aux citoyens espagnols", a dit Soraya Saenz de Santamaria lors d'une conférence de presse commune avec le ministre de l'Economie, Luis de Guindos et celui du Trésor, Cristobal Montoro.

Soraya Saenz de Santamaria a insisté sur le fait que les nouvelles prévisions étaient prudentes et que Madrid pourrait bénéficier d'une baisse continue des taux d'emprunts du pays ainsi que d'une reprise progressive de l'économie de la zone euro.

Le taux de chômage en Espagne, qui a atteint au premier trimestre un niveau sans précédent à 27,2% (voir ), devrait légèrement se réduire à 27,1% sur l'ensemble de cette année, avant de revenir à 26,7% en 2014 et 25,8% en 2015.

Madrid, qui a dû renoncer à baisser l'impôt sur le revenu l'an prochain, compte toujours le faire en 2015 et prévoit de revoir le niveau de l'impôt sur les sociétés. Les taxes sur la consommation ne seront pas modifiées mais le gouvernement prévoit de revoir la fiscalité de l'énergie et l'impôt sur les sociétés.

Le président du gouvernement, Mariano Rajoy, tente depuis février de trouver un juste milieu entre partisans et adversaires de l'austérité, en promettant de maintenir la discipline budgétaire du pays tout en s'autorisant de nouvelles mesures de relance.

Parmi les mesures annoncées vendredi, le gouvernement s'est engagé à présenter d'ici septembre une nouvelle réforme du système public de retraites, à mettre fin à l'indexation des traitements des fonctionnaires sur les prix et à mener une évaluation de la réforme du marché du travail entrée en vigueur l'an dernier.

Pour le tableau des nouvelles prévisions, voir (Constance De Cambiaire et Julien Dury pour le service français, édité par Marc Angrand)