WASHINGTON, 16 mai (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan, reçu mardi à la Maison blanche par Donald Trump, a vanté les relations "exceptionnelles" entre leurs deux pays mais a prévenu qu'Ankara n'accepterait jamais le soutien apporté par les Etats-Unis aux miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

Les YPG sont la composante kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance combattante formée avec des groupes arabes. Washington a décidé d'armer les YPG face aux djihadistes de l'Etat islamique (EI).

Ankara les considère comme l'émanation syrienne des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte depuis 1984, et redoute leur progression dans le nord de la Syrie, frontalière de la Turquie. Washington au contraire les voit comme l'une des forces régionales les plus efficaces contre les djihadistes et ne les assimile pas au PKK.

"Les organisations terroristes n'ont pas leur place dans l'avenir de notre région", a dit Erdogan, ajoutant que les activités des YPG et de leur branche politique dans la région, le Parti de l'union démocratique (PYD), "ne seraient jamais acceptées".

Mais il a aussi indiqué que sa venue à Washington allait "marquer un revirement historique" des "relations exceptionnelles" qui existent entre la Turquie et les Etats-Unis.

"Nous avions une relation formidable et nous allons encore l'améliorer" a déclaré pour sa part le président américain, qui avait félicité le mois dernier Erdogan pour sa victoire au référendum constitutionnel dont le déroulement a fait l'objet de critiques de la part des observateurs étrangers.

Trump a ajouté que les Etats-Unis soutenaient la nation turque dans ses combats contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) mais aussi contre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les préparatifs de la visite d'Erdogan à la Maison blanche se sont compliqués quand des membres de l'administration américain ont révélé, le 9 mai dernier, que Trump avait validé un plan visant à armer les miliciens kurdes des YPG pour les soutenir dans leur avancée sur Rakka, le fief de l'EI en Syrie.

La décision avait suscité la colère de la Turquie, partenaire central de la coalition international anti-EI mise sur pied par les Etats-Unis.

Mais les tensions sont retombées, le Premier ministre turc Binali Yildirim annonçant la semaine dernière que Washington avait fourni l'assurance que les Unités de protection du peuple n'avaient pas vocation à demeurer à Rakka, une fois la ville reprise.

Le dossier Fethullah Gülen constitue une autre source de complication des liens entre les deux pays membres de l'Otan. Ce prédicateur turc exilé aux Etats-Unis depuis 1999 est considéré par les autorités turques comme l'instigateur du coup d'Etat manqué de juillet 2016. Ankara réclame en vain son extradition. (Ayesha Rascoe; Henri-Pierre André pour le service français)