WASHINGTON, 9 mai (Reuters) - Une commission de la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates a approuvé mercredi une résolution demandant que l'Attorney General, William Barr, soit reconnu coupable d'outrage au Congrès américain pour avoir refusé de remettre une version non expurgée du rapport Mueller sur l'enquête russe.

"Nous nous trouvons désormais dans une crise constitutionnelle", a déclaré devant les journalistes Jerrold Nadler, le président de la commission des Affaires judiciaires de la Chambre, à l'issue d'un vote confirmant les lignes partisanes - les démocrates de la commission ont approuvé la résolution, les républicains ont voté contre.

Si le texte est approuvé par la Chambre des représentants, la procédure pourrait avoir des conséquences judiciaires pour William Barr, qui pourrait être poursuivi au civil.

Jerrold Nadler avait fixé lundi matin comme date butoir à l'Attorney General (chef du département de la Justice) pour remettre à la commission une version non expurgée du rapport du procureur spécial Robert Mueller sur l'enquête russe.

William Barr, nommé par le président Donald Trump, a aussi refusé de se présenter jeudi dernier devant la commission des Affaires judiciaires de la Chambre, au lendemain de son audition par la commission sénatoriale des Affaires judiciaires, où les républicains sont majoritaires.

Depuis qu'ils ont pris le contrôle de la Chambre des représentants en janvier, les démocrates ont lancé une série d'enquêtes parlementaires autour du président républicain - notamment sur les déclarations de revenus de Trump et l'influence de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016.

Donald Trump a demandé aux représentants de l'administration fédérale de ne pas répondre aux demandes formulées par la Chambre des représentants, dénonçant une campagne purement politique menée à son encontre par les démocrates.

Quelques heures avant le vote de la commission des Affaires judiciaires de la Chambre, la Maison blanche a fait valoir le privilège de l'exécutif pour bloquer la publication d'une version non expurgée du rapport Mueller, fruit d'une enquête de 22 mois sur les efforts de la Russie pour influencer la présidentielle de 2016 et une possible collusion entre la campagne Trump et des représentants russes.

Personne ne pourra contraindre le département de la Justice à "violer la loi" en remettant des documents confidentiels, a déclaré la porte-parole du département, Kerri Kupec.

Le président de la commission du Renseignement de la Chambre, Adam Schiff, a réclamé mercredi par voie d'assignation des documents liés à l'enquête du procureur Mueller, se plaignant du "silence" du département de la Justice.

Trump n'avait jusqu'à présent jamais fait valoir le privilège de l'exécutif dans sa confrontation avec le Congrès.

Les démocrates accusent Barr d'avoir cherché à protéger Trump en présentant une image faussée du rapport Mueller dans la synthèse qu'il en a faite fin mars.

Dans une note publiée en mars, l'Attorney General affirmait que rien ne permettait d'imputer au président de possibles actes d'entrave à la justice alors qu'une version expurgée du rapport Mueller, publiée quatre semaines plus tard, brosse un tableau différent de la situation en décrivant une dizaine de cas dans lesquels Trump semble avoir tenté de faire obstacle à l'"enquête russe". (David Morgan, avec Susan Cornwell, Roberta Rampton, Sarah N. Lynch, Richard Cowan et Susan Heavey; Jean Terzian pour le service français)