La monnaie unique européenne s'effritait sur le marché des changes mercredi midi à la veille du dernier comité de politique monétaire de la Fed (le fameux FOMC) sous la présidence de Ben Bernanke. Ainsi ce midi, l'euro perdait-il 0,22% à 1,3643 dollar. Il cède également 0,12% contre le sterling à 0,8237, et grappille 0,12% contre le franc suisse à 1,2271 et 0,22% contre le yen à 140,61.

Chez Société Générale, les cambistes soulignent la tension persistante et les pressions baissières qui se sont accentuées sur les devises émergentes en fin de semaine dernière. En Chine, les pratiques bancaires parallèles (le 'shadow banking') inquiètent, d'autant que courraient des rumeurs de difficulté d'un important fonds à haut rendement de la banque ICBC.

Mais la banque centrale chinoise est intervenue entre temps pour permettre aux investisseurs de sortir de ce fonds sans pertes en capital. Et en Turquie où la devise nationale est également sous pression, l'établissement émetteur national a annoncé la tenue d'un comité de politique monétaire aujourd'hui. Sa décision sera annoncée dans la soirée. Un relèvement des taux d'intérêt de 200 points de base ne serait pas exclure, selon le spécialiste.

Pour SG, ces deux annonces ont permis de calmer le jeu, les banques centrales émergentes semblant prendre la mesure des difficultés qui affectent leurs devises.

Certes, les économies émergentes traversent, à des degrés divers, une période plus difficile actuellement. En Chine par exemple, le ralentissement de la croissance entraîne un moindre besoin de matières premières importées. En outre, la hausse sensible des salaires tend à rendre d'autres pays plus compétitifs.

Mais la cause essentielle des mouvements de capitaux qui sortent des “nouvelles économies” pour revenir aux Etats-Unis, par exemple, est peut-être ailleurs. Rappelons qu'un tel mouvement de changes s'était amorcé lorsque Ben Bernanke avait pré-annoncé, en mai 2013, la réduction puis la fin de la politique de 'quantitative easing' (QE), qui consiste en des des rachats massifs d'actifs obligataires américains. De ce fait, les taux d'intérêt outre-Atlantique étaient affaiblis : les rachats d'obligations en tirent les prix vers le haut et donc, mécaniquement, le rendement vers le bas.

Or cette politique initiée à la toute fin de l'année 2008 est en train d'être réduite, comme Ben Bernanke l'avait annoncé : le montant de l'enveloppe mensuelle du 3e QE du nom, lancé fin 2012, est depuis janvier ramené à 75 milliards de dollars, soit 10 milliards de moins que les mois précédents.

Et le mouvement devrait se poursuivre lors du FOMC qui se réunira aujourd'hui et demain à la Fed. Il s'agira aussi du dernier comité présidé par Ben Bernanke, qui sera ensuite remplacé à ce poste par l'actuelle vice-présidente, Janet Yellen, dès le 1er février.

Comme Société Générale le rappelle, 'le cycle monétaire de la Fed est en train de changer et ce de fait, la quête effrénée de capitaux en mal de rendements moins dérisoires (que ceux en vigueur aux Etats-Unis, ndlr) touche à sa fin'.

'Il ne s'agit pas d'une réédition des crises asiatiques des années 1990 car la situation des différentes économies en question est totalement différente. Mais il n'en s'agit pas moins d'un changement du cycle global de marché', estiment les cambistes.

Entre accalmie des craintes émergentes et attentisme avant la Fed, les mouvements ne sont guère significatifs sur le marché des devises aujourd'hui. Comme l'indique le courtier RTFX, “les investisseurs sur le Forex hésitaient à vendre plus intensément le dollar en prévision de la réunion de deux jours de la Fed. L'institut d'émission devrait poursuivre la réduction de ses rachats d'actifs et certains analystes s'attendent même à une baisse supplémentaire de 10 milliards de dollars.”

Du côté statistique, ce matin, on a appris que le PIB du Royaume-Uni avait augmenté de 0,7% au quatrième trimestre 2013 par rapport au troisième, selon une estimation préliminaire. Sur l'ensemble de l'année écoulée, l'économie britannique aurait ainsi progressé de 1,9%, confirmant sa bonne santé relativement à la zone euro en général et à la France en particulier.

Les opérateurs de changes guetteront, cet après-midi depuis les Etats-Unis, les commandes de biens durables, qui devraient avoir progressé de près de 2% en décembre 2013, puis l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board.



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