Ces deux holdings regroupent de nombreuses entreprises actives dans diverses spécialités. C’est pourquoi, j’ai détaillé avec précision leurs différentes activités pour avoir un point de vue clair sur ce qui les caractérise.
Halma
Halma opère à travers trois secteurs : la sécurité, l’environnement et les analyses, et la santé.
Dans la sécurité, les entreprises détenues par Halma se concentrent sur la prévention des incendies (détecteurs de fumée, de chaleur, de CO2 et appareils d'extinction d'incendie) mais aussi sur la sécurité publique (capteurs, radars et systèmes de communication d'urgence utilisés dans les espaces publics tels que les ascenseurs, les parkings et les autoroutes), la sécurité des travailleurs, principalement dans des environnements industriels et commerciaux potentiellement dangereux, et enfin la protection des infrastructures et des biens essentiels avec, par exemple, des soupapes de pression, des systèmes de détection des fuites et de test électrique.
Cette division est la principale puisqu’elle est responsable de 41% du chiffre d’affaires, soit 823,8 M£. C’est aussi la branche la plus rentable avec une marge d’EBITDA de 23,3%. La différence avec les deux autres activités est toutefois maigre puisque les branches environnement et analyses et santé réalisent respectivement des marges d’EBITDA de 22,5% et 22,8%.
Le segment environnement et analyses (E&A) s’oriente sur des appareils d’analyse et de traitement de l’eau et de l’air, sur des machines optiques et d’imagerie spectrale, et sur des technologies de surveillance des infrastructures de ressources de l'environnement qui détectent les gaz dangereux et leur bon fonctionnement. E&A est le segment qui connaît la plus forte croissance. Par exemple, lors du dernier exercice, les revenus ont grimpé de 19,3% tandis qu’ils ont progressé de 10,5% pour la sécurité et ont reculé de 0,6% pour la santé. Cela s’explique par la croissance du secteur, et notamment celle de l’activité photonique au sein du sous-secteur de l’analyse optique ainsi que par une demande globale très forte aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Disons-le au passage, les États-Unis sont le principal marché du groupe avec 44% du chiffre d’affaires. L’Europe continentale et le Royaume-Uni combinent 35% des revenus. Le reste est réparti entre l’Asie-Pacifique et le reste du monde - notamment l’Afrique - avec respectivement 13,5% et 3,9% des ventes.
Dans la santé, Halma propose des composants, des appareils et des systèmes qui fournissent diverses informations et analyses notamment dans la santé oculaire, des technologies pour le diagnostic in vitro et la R&D en sciences de la vie ainsi que des outils thérapeutiques et matériaux pour traiter diverses spécialités cliniques.
La division est en panne de croissance ces dernières années, nous l’avons mentionné plus haut. L’accumulation de stocks des fabricants d’équipements d’origine (OEM) durant la pandémie et les contraintes budgétaires des prestataires de soins de santé expliquent en grande partie cette contre-performance. Toutefois, le carnet de commandes reste solide et la situation devrait se normaliser lors des trimestres à venir.
Les entreprises détenues par Halma dans ses domaines d’activité (source : Halma Annual Report 2024)

Les finances de Halma se caractérisent par une croissance des revenus régulière et des marges stables mais élevées. Le CAGR du chiffre d’affaires sur le cycle 2015-2024 s’élève à 12,1% pour atteindre 2,03 Mds£. La tenue des marges et les - très - maigres stock options que se versent les dirigeants permettent de très bien maîtriser la courbe des bénéfices par action.
On apprécie aussi la très forte génération de cash. Les flux de trésorerie issus de l’exploitation couvrent presque à eux seuls les montants d’acquisitions, le versement d’un dividende en progression régulière année après année et les maigres rachats d’actions.
En somme, les comptes sont très bons. La structure de coûts est optimisée et les chiffres semblent nous indiquer que les acquisitions sont bien intégrées. Les principales dépenses proviennent du marketing. On peut se satisfaire là encore, puisque ces dernières progressent à un rythme moins soutenu que le chiffre d’affaires, et ce, sans impacter la croissance de ce dernier. Enfin, le Return on Equity (ROE), l’un des ratios essentiels pour évaluer la profitabilité d’un portefeuille de holding, dépasse les 16%.
Halma pèse désormais près de 10 Mds£ de capitalisation. Sa valorisation est élevée mais justifiée par les bons arguments que nous venons de citer.
Halma : régulier et constant (source : Zonebourse)

Diploma
Comme son homologue, Diploma intervient dans trois secteurs : le contrôle, l’étanchéité et les sciences de la vie.
Dans le contrôle, les entreprises de Diploma fournissent des fils basse tension et des câbles (57 % du segment), des solutions électromécaniques et des produits d’interconnexion haute performance (23%), des services de réparation, de maintenance et de remise à neuf d’équipements d’automatisation industrielle (5%), des adhésifs spéciaux (3%) et enfin une large gamme de fixations, d’inserts et de composants pour l’industrie (12%). La division représente 44% de l’ensemble des revenus de Diploma et est aussi la plus rentable avec une marge d'EBITDA ajustée de 24%.
Dans les services d’étanchéité (39% des revenus), Diploma propose des kits sur mesure, des accessoires de réparation et des cylindres pour la maintenance et la réparation de machines lourdes (MRO), mais aussi des composants et des solutions techniques pour les fabricants d'équipements d'origine (OEM). Diploma distribue aussi des produits pour la transmission de puissance hydraulique et l’ingénierie mécanique. La branche a connu l’an dernier la plus forte croissance avec une progression des revenus de 26%.
Enfin, dans les solutions de santé, Diploma apporte des outils chirurgicaux et endoscopiques aux prestataires de soins de santé, essentiellement au Canada (42%). Les entreprises européennes fournissent des consommables et des équipements aux laboratoires. Enfin, en Australie et en Asie, les entités de Diploma distribuent des diagnostics de pathologie et des solutions de recherche médicale.
Diploma cumule 42% de ses revenus aux États-Unis, 39% en Europe (dont 17% au Royaume-Uni), 10% au Canada et 9% en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Pour ce qui est des finances, Diploma connaît une croissance plus rapide que Halma si l’on se base sur les 10 dernières années avec un CAGR (croissance annuelle moyenne pondérée) des revenus de 16,4%. C’est encore plus marquant depuis le Covid puisque le chiffre d’affaires est passé de 538 M£ à 1,2 Md£ l’an dernier. Le statut d’outsider et la stratégie plus agressive en termes d’endettement et d’acquisitions expliquent cette situation. Les montants d'acquisition ont été, lors des trois derniers exercices, très nettement supérieurs aux profits cash issus de l’exploitation tandis que la situation est inverse pour Halma. Pour autant, le risque est bien maîtrisé puisque l’endettement n’est pas exorbitant et reste dans des standards tout à fait acceptables. D’ailleurs pour cela, on pourra se fier au directeur général, Jonathan Thomson, qui fut à la tête de la direction financière de filiales de Compass, le géant de la restauration collective.
À propos de ce dernier et de son équipe, on appréciera les montants non excessifs qu’ils puisent en stock-options et leur rigueur à tenir des états financiers propres. Les free cash flows - l’argent réellement disponible à la fin d’un exercice, une fois exclues les dépenses d’investissement (les fameux Capex) du cycle d’exploitation de l’entreprise - progressent plus vite que le résultat net et les ratios ROA et ROE côtoient des niveaux similaires à Halma.
En définitive, les deux sociétés sont d’une grande qualité. Pour prendre position - car il faut un vainqueur dans un duel - on pourrait donner un léger avantage à Diploma qui continue de pleinement profiter de la tendance de son portefeuille depuis le Covid. La croissance de Diploma est plus forte, tout comme la demande, principalement sur les divisions contrôle et étanchéité. Toutefois, les deux titres s’échangent à des multiples de valorisation quasi similaires, entre 34 et 38 fois les profits pour cette année, entre 33 et 34 fois les free cash flows et entre 4,4 et 4,7 fois le chiffre d’affaires si l’on inclut les dettes. La qualité se paye souvent chère.
Diploma : une forte accélération depuis le Covid (source : Zonebourse)
