par Thomas Ferraro et Tim Reid

WASHINGTON, 13 octobre (Reuters) - Les négociations au Sénat américain pour trouver une solution à la crise budgétaire fédérale en étaient samedi au stade préliminaire, alors qu'à la Chambre des représentants elles ont pris fin sans résultat, à quelques jours seulement de la date du 17 octobre à partir de laquelle les Etats-Unis risquent de se retrouver en défaut de paiement.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a fixé peu après avoir vu le chef des républicains du Sénat Mitch McConnell des limites claires au dialogue, qui font douter que les deux hommes puissent trouver un accord permettant de rouvrir les services fédéraux "non essentiels" fermés depuis le 1er octobre.

"Nous devons trouver un compromis, mais nous ne le ferons pas tant que les services fédéraux n'auront pas rouvert et que nous ne pourrons pas assurer un financement", a averti Harry Reid.

Immédiatement après avoir tenu sa conférence de presse, Harry Reid et d'autres responsables démocrates du Sénat se sont rendus à la Maison blanche pour s'entretenir avec Barack Obama.

Les élus du Congrès négocient pour en finir avec le "shutdown", qui a mis des centaines de milliers d'employés fédéraux au chômage technique, mais aussi pour s'entendre sur un relèvement du plafond de la dette autorisée d'ici jeudi, jour à partir duquel, selon le département du Trésor, les Etats-Unis pourraient se retrouver pour la première fois de leur histoire en défaut de paiement.

Avec à l'esprit cette date-butoir, Harry Reid a déclaré à la presse qu'il souhaitait qu'un accord soit conclu "maintenant".

"Lorsque je dis 'maintenant', je veux dire dans les prochaines 48 heures", a-t-il précisé.

Le sénateur Dick Durbin, numéro deux des démocrates à la chambre haute, a expliqué que l'objectif était de trouver un accord au Sénat avec les républicains avant la réouverture des marchés financiers lundi.

AVERTISSEMENT DE LA BANQUE MONDIALE

La route vers un accord semble cependant semée d'embûches. Harry Reid a rejeté le plan de la sénatrice républicaine Susan Collins visant à relever momentanément le plafond de la dette jusqu'au 31 janvier 2014 et de s'accorder sur un budget intermédiaire, valable pour les six mois à venir. Ce plan-là avait donné quelque espoir aux élus modérés, mais pour le parti démocrate, il est grevé par un trop grand nombre d'ajouts inacceptables.

Les négociations "préliminaires" entre Harry Reid et Mitch McConnell, tenues samedi matin dans le bureau de Reid, se sont engagées au lendemain du rejet par Barack Obama de l'offre républicaine d'un relèvement momentané du plafond de la dette, qui aurait été valable jusqu'au 22 novembre.

Les démocrates ont estimé qu'un relèvement si temporaire de la capacité d'emprunt ne ferait que déboucher sur une nouvelle série d'âpres confrontations au Congrès et pourrait nuire à la confiance des consommateurs à l'approche de la saison des fêtes. (Voir )

Dans son allocution radiophonique hebdomadaire, le président Obama a clairement rejeté samedi l'idée d'un compromis de court terme sur la dette et exhorté les républicains à accorder un répit prolongé à l'économie américaine.

"Il ne serait pas avisé, comme certains le suggèrent, de botter en touche pendant deux mois sur le plafond de la dette et de flirter avec un défaut de paiement volontaire sans précédent en plein milieu des achats de fin d'année", a dit le président.

"Il n'y a pas d'accord, aucune négociation en cours", a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, lors d'une réunion des républicains de la Chambre, selon l'un des participants. De nombreux élus de la Chambre sont repartis dans leurs circonscriptions après avoir été informés qu'aucun vote n'aurait lieu avant lundi matin.

Mitch McConnell est resté discret au Capitole, samedi, éludant la plupart des questions. "Nous avons eu une bonne rencontre" : voilà tout ce qu'il a répondu aux questions lancées par les journalistes dans les couloirs du Sénat.

"Le sénateur Reid et le sénateur McConnell discutent pour la première fois, et c'est une bonne chose", a dit pour sa part le sénateur républicain Roy Blunt.

Pour le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, les Etats-Unis sont "à quelques jours" d'un "moment très dangereux" si la classe politique ne trouve pas un compromis sur le plafond de la dette américaine.

"Nous sommes à cinq jours d'un moment très dangereux. J'exhorte les hommes politiques à trouver rapidement une solution, avant que soit atteinte la date butoir sur le plafond de la dette(...). L'inaction pourrait engendrer une hausse des taux d'intérêt, une chute de la confiance et un ralentissement de la croissance", a-t-il dit.

"Si ce délai passe (sans accord), ce sera une catastrophe pour le monde en développement, et cela nuira fortement, de même, aux économies développées", a-t-il continué. (avec Anna Yukhananov et Lidia Kelly; Eric Faye pour le service français)