Les négociations, qui ont repris après avoir été rompues vendredi dernier, achoppaient toujours sur le même point: le coupon que doit servir Athènes sur les obligations nouvelles échangeables avec celles détenues par ses créanciers obligataires.

"L'atmosphère était bonne, des progrès ont été réalisés et nous allons continuer demain après-midi", a déclaré le ministre grec des Finances Evangelos Venizelos après s'être entretenu avec Charles Dallara, directeur général de l'Institut de la finance internationale (IFI), qui représente les créanciers privés dans les négociations sur l'échange de dette.

L'IFI a ensuite publié un communiqué confirmant ces propos.

Les deux parties doivent s'entendre très rapidement pour que la Grèce puisse recevoir une nouvelle tranche d'aide d'un plan de renflouement de 130 milliards d'euros, avant l'arrivée à échéance en mars de 14,5 milliards d'euros d'emprunts obligataires.

Selon des banquiers et des sources proches des négociations, un accord pourrait être trouvé dans les prochains jours. La prudence reste toutefois de mise, de précédentes prédictions tablant sur une résolution rapide s'étant révélées prématurées.

Evangelos Venizelos a dit à des parlementaires qu'une bonne partie de l'échange de dette devait être agréée d'ici vendredi midi et formalisée d'ici la réunion lundi de l'Eurogroupe, soit les ministres des Finances de la zone euro.

"Voici venus le moment crucial de la bataille finale de l'échéance de dette et le moment crucial de la bataille finale et décisive d'un nouveau renflouement", a dit Venizelos au Parlement. "Il faut négocier maintenant, à tout prix, pour le bien du pays".

Malgré l'urgence du moment, les actions des banques grecques ont fortement progressé jeudi, en témoigne leur indice sectoriel qui a gagne près de 5%, le marché se montrant plutôt optimiste pour ce qui concerne la conclusion d'un accord.

"Il y a un certain soulagement parce qu'on pense que le risque de voir la Grèce quitter la zone euro s'est un peu plus éloigné", dit Natasha Roumantzi, analyste de Piraeus Securities.

PAS DE MIRACLE

L'échange est censé réduire d'une centaine de milliards d'euros une dette grecque qui dépasse actuellement 350 milliards d'euros. Pour ce faire, les créanciers privés de la Grèce doivent accepter une réduction de moitié de la valeur faciale de leurs obligations.

Les négociations portent sur le coupon et la date d'échéances des obligations nouvelles que la Grèce émettrait en remplacement des anciennes.

Athènes veut imposer un intérêt inférieur aux 4% au moins que réclament ses créanciers privés. Un intérêt de 3,5%, par exemple, impliquerait pour ces derniers une perte de l'ordre de 70%, selon le calculateur Reuters Breakingviews.

La Grèce connaît sa crise la plus grave de l'après-guerre, avec un chômage sans précédent et des manifestations, grèves et débrayages quasi quotidiens contre des mesures d'austérité qui ont intensifié une récession déjà brutale.

Près d'un jeune sur deux est sans emploi et les hausses d'impôts et réductions salariales successives nourrissent la colère populaire.

Le dernier programme de renflouement conclu avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) -sous réserve de mesures d'austérité sévères et de réformes structurelles- est censé ramener la dette à 120% du PIB en 2020 contre 160% actuellement.

Horst Reichenbach, qui dirige le groupe de travail de la Commission européenne chargé de rebâtir l'économie européenne, exhorte l'Europe à faire preuve de patience avec la Grèce, arguant que les réformes avancent lentement et qu'il ne faut pas s'attendre à un miracle.

A Washington, une porte-parole du FMI a dit que l'autorisation du conseil d'administration était sollicitée afin d'ouvrir avec la Grèce des discussions susceptible de déboucher sur un accord donnant un "accès exceptionnel" aux prêts du Fonds.

La Grèce dispose déjà d'un accès exceptionnel au FMI, qui lui permet de tirer à hauteur de plus de 600% de sa quote-part. Toute nouvelle négociation nécessite un nouvel aval du conseil d'administration.

Avec Lefteris Papadimas et George Georgiopoulos; Wilfrid Exbrayat et Nicolas Delame pour le service français

par Sophie Sassard et Dina Kyriakidou