par Tony Munroe et James Pearson

SEOUL, 10 janvier (Reuters) - Les Etats-Unis ont fait voler dimanche un bombardier B-52 au-dessus du territoire de son allié sud-coréen, faisant ainsi une démonstration de force en réponse à l'essai nucléaire mené mercredi par la Corée du Nord.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a de son côté réaffirmé que Pyongyang avait mené avec succès un essai de bombe à hydrogène -- ce dont doutent Washington ainsi que d'autres experts nucléaires -- tout en ajoutant qu'il s'agissait d'une mesure d'auto-défense face à la menace d'une guerre atomique que font planer les Etats-Unis.

En procédant mercredi au quatrième essai nucléaire de son histoire, la Corée du Nord s'est mis à dos toute la communauté internationale, y compris son traditionnel allié la Chine, irritée de ne pas avoir prévenue à l'avance de cette essai.

Le B-52 américain, basé à Guam et capable de transporter des bombes atomiques, a volé à basse altitude au-dessus de la base aérienne d'Osan, située près de Séoul, avant de regagner Guam, a précisé l'armée américaine dans un communiqué.

L'avion était accompagné de deux chasseurs, un F-16 américain et un F-15 sud-coréen. Le vol a été décidé en guise de "réponse à la dernière action provocante de la Corée du Nord", poursuit l'armée américaine.

"Les Etats-Unis sont résolus à venir au secours de la République de Corée (la Corée du Sud, NDLR) et à maintenir la stabilité dans la péninsule coréenne (...)", note le lieutenant-général Terrence O'Shaughnessy.

LA PROPAGANDE SONORE SE POURSUIT LE LONG DE LA FRONTIÈRE

Etant donné que le dernier essai nucléaire nord-coréen a provoqué une secousse sismique de 5,1, les experts pensent que Pyongyang n'a pas testé un bombe à hydrogène en tant que telle, qui, selon eux, aurait dû se traduire par un tremblement de terre de plus grande ampleur.

Après le précédent essai nucléaire de la Corée du Nord, en 2013, les Etats-Unis avaient déployé deux B-52 furtifs au-dessous de la Corée du Sud. Pyongyang avait alors répondu en menaçant de lancer une attaque nucléaire sur les Etats-Unis.

Les deux Corées sont toujours techniquement en état de guerre, depuis l'armistice qui a mis un terme aux combats de la guerre de 1950-53. Quelque 28.500 troupes américaines stationnent encore en Corée du Sud.

L'agence de presse d'Etat nord-coréenne KCNA a cité Kim Jong Un disant que personne n'avait le droit de critiquer les essais nucléaires du pays.

"L'essai de bombe de la République populaire démocratique de Corée (la Corée du Nord, NDLR) (...) est une mesure d'auto-défense pour pouvoir défendre de manière crédible la paix dans le péninsule coréenne et (pour prévenir) la sécurité régionale du danger d'une guerre nucléaire provoqué par les impérialistes emmenés par les Etats-Unis", a poursuivi Kim Jong Un.

"Il s'agit d'un droit légitime d'un Etat souverain et une action juste que personne n'a le droit de critiquer."

Les propos du dirigeant nord-coréen sont dans la droite ligne de la rhétorique officielle du régime, qui reproche aux Etats-Unis de déployer des armes nucléaires dans la péninsule coréenne.

Les Etats-Unis ont dit ne pas avoir installé d'armes nucléaires en Corée du Sud.

La Corée du Sud poursuit toujours sa campagne de propagande sonore le long de la frontière avec le Nord, en guise de réponse à l'essai nucléaire de Pyongyang.

A l'aide de murs de haut-parleurs déployés sur onze points le long de ligne de démarcation, fortement militarisée, entre les deux Corées, Séoul diffuse des messages critiques à l'égard du régime nord-coréen ainsi que de la musique pop.

La dernière fois que Séoul avait eu recours à une telle campagne de propagande, en août dernier, s'était traduit par un échange de tirs d'artillerie, Pyongyang considérant ces messages comme insultants. (Avec la contribution de Jack Kim et de Do-gyun Kim, Benoît Van Overstraeten pour le service français)