TOBROUK, Libye (Reuters) - La Libye s'enfonçait jeudi dans une nouvelle crise politique après la désignation par le Parlement basé dans l'est du pays d'un nouveau Premier ministre, une initiative rejetée par l'actuel chef du gouvernement d'union nationale.

Un porte-parole du Parlement de Tobrouk, fief des forces du maréchal Khalifa Haftar, a déclaré que l'ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement de Tripoli, Fathi Bachagha, avait été désigné lors d'un vote par acclamation après le retrait du seul autre candidat.

Le Parlement considère que le mandat d'Abdoulhamid Dbeibeh, le chef du gouvernement d'union nationale formé l'an dernier sous l'égide de l'Onu pour tenter de mettre fin au conflit qui déchire le pays depuis une décennie, a expiré après le report d'une année des élections présidentielle et législatives qui devaient avoir lieu fin décembre.

Mais Abdoulhamid Dbeibeh conteste cette interprétation et a prévenu qu'il ne remettrait sa démission qu'après des élections.

Le désaccord politique pourrait dégénérer en nouveau conflit armé lorsque Fathi Bachagha se rendra à Tripoli pour prendre ses fonctions, en raison de la présence de nombreuses milices aux allégeances incertaines dans la capitale.

Fathi Bachagha était ministre de l'Intérieur du gouvernement de Tripoli qui a mis en échec à l'été 2020, avec le soutien de la Turquie, l'offensive contre la capitale menée pendant 14 mois par l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar et ses alliés russes.

Khalifa Haftar n'en a pas moins apporté son soutien à sa désignation au poste de Premier ministre, ajoutant à la confusion alors que les groupes armés ont remobilisé leurs troupes ces dernières semaines, faisant craindre une rupture du cessez-le-feu conclu en 2020.

L'émissaire de l'Onu pour la Libye et les pays occidentaux ont fait savoir de leur côté qu'il considéraient que le mandat du gouvernement d'union nationale restait valide, et ils ont invité le Parlement de Tobrouk à se concentrer sur la recherche d'un accord politique pour permettre la tenue des élections.

(Reportage Ayman al-Warfali, version française Tangi Salaün)